Loana ou les créatures du PAF
Récemment, Loana était invitée par Pascale Clark, sur France Inter, pour présenter le concept de la nouvelle émission de téléréalité à laquelle elle participe. En résumé, Loana sera filmée 24h/24 et sa prestation quotidienne sera retransmise pour la plus grande joie de tous les amateurs de culture du quotidien et de peopolisation.Loana… tout un monde de délires télévisuels…les débuts de la téléréalité, le loft, des millions de français suspendus…Non seulement le succès de l’émission m’a toujours paru très étrange, mais que perdure le succès de l’une de ses protagoniste ne cesse de m’éberluer.
La voilà donc au micro et grâce à la magie du oueb et des médias nous pouvons non seulement l’entendre mais aussi la voir (et ce dernier point est fondamental : il faut le voir pour le croire). Fidèle à son personnage de bimbo, elle est blonde, les courbes et les yeux soulignés. Jusque là… ça va… Mais faut éviter qu’elle s’exprime. Par la voix, par les attitudes, par les yeux… tout est stupéfiant. Mimiques d’incompréhension, passe encore. Mimiques vulgaires ou chargées de sous-entendus grivois, c’est un peu plus difficile à accepter ; elle va jusqu’à soulever son t-shirt pourtant très transparent, pour montrer sa très plantureuse poitrine. Hallucinant. Le plus hallucinant est que les journalistes n’en laissent rien paraître (par la voix du moins) sang froid et self-contrôle. Ou alors ils étaient tous sous tranquillisants. Ce petit film laisse entrevoir un monde entre les sons radiodiffusés et les plateaux des émissions.
Une question vient à l’esprit : a-t-elle adopté un rôle qui commercialement sera vendeur, ou est-elle comme ça dans la vraie vie ? Pas d’élément de réponse, mais la balance penche tout de même dangereusement du côté « réel ». La source de son succès, sans doute. Un côté trash et sans gène.Loana est, selon ses dires,« une artiste » ; la notion d’ « artiste » ou d’ « artistique » est effectivement du registre du personnel, les limites entre le non-artistique et l’artistiques sont difficiles à définir, variables par définition et très liées aux sensibilités individuelles. Mais définir Loana comme une « artiste » est un tantinet tiré par les cheveux. A moins que l’échelle de valeur soit différente dans le PAF et hors du PAF. Ca doit être ça. Et il est vrai qu’au niveau du cheveu, elle est particulièrement pourvue. Tant qu’elle ne me les propose pas à un feu, ça va.Loana n’est pas douée pour le jeu du « ni oui ni non ». Elle utilise ces deux mots pour répondre à 80% des questions. Difficile de mener une interview un tant soit peu construite. En plus, ça doit être perturbant… en 5 mn, les 25 mn prévues d’émission peuvent être bouclées. Et difficile à combler, à moins une réserve d’invités surprises aveugles et sourds. En radio, ça passe mal.
Loana aime les feux de l’amour. Comme de très nombreux français.
Loana voulait être vétérinaire, comme beaucoup de gamins.
Elle voulait manger à sa faim et cesser de danser dévêtue en boîte, comme beaucoup ;
Elle voulait écrire, chanter, dessiner des vêtements… comme beaucoup
Loana n’écoute pas ce qui se passe autour d’elle, elle n’a d’avis sur rien et manifestement rien ne l’intéresse. Comme…
On ne peut décemment pas lui reprocher sa satisfaction d’avoir changé de vie. De là à la définir comme « chanteuse », « styliste », « femme d’affaire », considérer qu elle travaille « à l’américaine » et est PDG, il ya un gap ; mais elle semble l’avoir allègrement franchi.
Il faut reconnaître que la demoiselle est culottée, pas grand chose ne semble l’impressionner dans ce qui fait le showbiz. Chanter, danser, parader en tenue légère…
Le prix de la célébrité ne la perturbe pas, elle déplore simplement que l’on puisse la voir pleurer au lendemain d’une rupture. Comme beaucoup, non ?
Mais Loana ne sait pas se tenir. Elle se trémousse, envoie des œillades en coulisse, parade en se tortillant. Peut être cet aspect de sa personnalité est-il utilisé pour la rendre encore plus vendeuse, à son corps défendant. Ou pas défendant.Les gens semblent l’aimer et il n’y a aucune raison qu’elle mente en racontant les sollicitations pour photos. Les gens l’aiment. Sans doute parce qu’elle est « comme tout le monde », mais en célèbre. Elle trouve les gens « adorables », mais ne s’explique pas son succès. Manifestement elle n’y a pas trop réfléchi.
Loana a été propulsée sous des spots en cherchant l’amour (chercher l’amour est une occupation assez classique et intemporelle). Elle-même trouve que l’intérêt porté au loft est incompréhensible. Que des téléspectateurs prennent plaisir à regarder une bande d’inconnus se laver les dents ou dormir lui semble inconcevable. Comme quoi, elle n’est pas totalement dénuée de bon sens…Elle est insupportable de vide, de manque de vocabulaire, de réflexion, de manque de savoir vivre, de manque de tenue, mais son côté brut de décoffrage a l’air réel. Et elle est là, là dans la PAF, à la télé, à la radio, en rayon dans les librairies, chez les disquaires, partout…. Et on la regarde, on l’entend, on la propulse de nouveau. Elle correspond, commercialement, à une demande.
Et pour que Pascale Clark le reçoive à une heure de grande écoute, elle doit réellement présenter un intéret. Commercial, d’audience potentielle, de buzz. Et il est exact que ça change des invités habituels. Je n’ai pas regardé 2 fois l’émission des autres. Comme quoi…Loana a été fabriquée par la télé, elle est le fruit du manque de rêve, d’imagination ; le résultat d’un vide absolu, l’incarnation de la capacité du quidam à ingurgiter passivement et absolument sans réflexion tout ce qu’on lui propose. Et à en redemander. Jetée en pâture à la masse, elle s’en sort par ce qu’elle en est le reflet. Au lieu de la vouer aux gémonies, le public, qui doit se reconnaître en elle, la célèbre et finalement l’adopte. J’aurais tendance à trouver ça cool. Pour elle….
Publié le 10 février 2010, dans Extrapolations. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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