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Une journée Facebook sans Facebook
… ni internet, ni téléphone portable, au passage…
Aujourd’hui LCMA *, je te propose un peu de projection-arrière. Une forme de retour dans le temps de toi-même. Un machin mystique, presque. Certes, je ne fais pas dans l’innovation. Mais fuck. Ici, je fais ce que je veux.
Imagine donc, l’espace des 10 mn qu’il te faut pour lire ce post (je sais que ça dure 10mn, parce que je lis dans l’avenir), ce que serait une journée « comme avec Facebook », mais sans Facebook (ni internet, ni ordi). Par exemple, prenons un samedi.
Ca commence au petit matin. Tu veux partager avec l’univers (tes amis virtuels) la munificence de ton petit-déjeuner. Je te comprends, c’est assez fondamental d’étaler en public 2 tartines de pain beurré et un bol de café sous la légende « mon brunch du jour ». Ca fait envie, surtout si tu déposes à côté du bol un paquet de chips (un conseil au passage: prends des Vico). Sans FB ou SMS, comment faire? Oublie la notion de temps réel. Il faut prendre la photo, la développer et l’envoyer en masse. Donc s’y prendre quelques jours plus tôt, faire la photo, la faire tirer, la mettre sous enveloppe et tout poster pour que ça arrive le samedi matin. Ca demande du temps et un peu de sous. Question: Est-ce réellement si fondamental? Réponse: Je te laisse seul juge.
Ensuite, il faut fêter l’anniversaire de 2 amis. Ce qui suppose dans un premier temps que tu connaisses leur date de naissance. Tout pareil, anticipation si tu veux envoyer une image (on dit carte, mais je pense qu' »image » te parlera plus). Il faut la choisir, l’acheter, l’envoyer par la poste. Sinon, reste la bonne vieille technique du coup de fil. Efficace et en temps réel. Sauf… sauf si tu veux fêter un vieux pote que tu n’as pas vu depuis des années. Là, ça peut être long, tout ce temps à rattraper en une conversation… Question: As-tu réellement envie de parler à cet ami perdu de vue? Après tout, si tu l’as perdu de vue, il y a peut-être des raisons, non?
Après ça, il est temps de dire à quelques filles que tu les trouves belles (tu as remarqué comme moi, que sur FB seules les filles ont des commentaires appréciateurs dès qu’elles changent de photo de profil. Tout le monde y va de son « »magnifique », « sublime », « gorgeous » pour les crâneurs,…). Sauf que par courrier ou par téléphone, perso quoi, ça prend de suite une autre dimension, non? Question: Cette fille est-elle si magnifaillque? Et as-tu réellement envie de le lui dire?
Continuons gentiment. Tu veux partager des photos (de vacances, d’une expo, d’une ballade dans les bois). Il te faut organiser une soirée, réunir tous les amis avec lesquels tu as envie de partager ces merveilleux moments de bonheur, faire un album ou un diaporama (aaaahhh… je ne pensais plus utiliser ce terme!!!). Question: Penses-tu que ça les intéresse vraiment? Au point de venir t’écouter pendant 2 heures raconter ton séjour dans un chalet meeeeerveilleux au fond des bois, sans eau ni électricité, pour un retour à « une vraie humanité »?
Bon, quoi d’autre? Ah… les jolies phrases de développement personnel… Un exemple au pif, tiré de la liste (qui semble infinie) de poncifs déblatérés par le « philosophe » Paulo Coelho:
« Dans la vie, tout est signe. », oui, d’ailleurs, je viens de recevoir ma déclaration d’impôts. Ca doit vouloir signifier qu’une entité supérieure a désespérément besoin de moi…
On ne peut pas mesurer un sentiment comme on mesure une route.
, mais on ne peut pas mesurer une route? Si? On compte les pas? On empirise?
Un homme doit choisir, en cela réside sa force : le pouvoir de ses décisions
Ben vu les résultats des dernières élections, avant de laisser l’homme choisir, on doit d’abord lui apprendre à faire un choix, non? Et d’ailleurs… la femme dans tout ça? Pas de choix, pas de force?
… Je te laisse te dépatouiller avec ça. Mais si tu veux partager ce bel esprit, sans FB, il va falloir faire un petit effort. Réfléchir par toi-même? Savoir ce que tu veux? A qui veux-tu transmettre ta sagesse et ta lucidité? Soyons fous…
Et la musique? Si, à mon instar, tu veux que tes amis redécouvrent le plaisir infini du Disco, tu devras te dégotter une veste à paillettes, apprendre le piano et laisser pousser tes cheveux blonds pour leur montrer à quel point c’était booooon…
https://www.youtube.com/watch?v=Zqc7mVZQNFo
Le pire aperçu récemment, des condoléances via FB. No comment.
Ensuite? Je ne sais pas… c’est vaste… A ce stade de cette brillante démonstration, tu as toujours besoin de mettre des photos de mignons chatons pour montrer à quel point tu as du cœur?
A lire en premier:
Cet article (érudit) ne traite que de l’aspect virtualisé des relations sociales. Tu auras bien compris, LCMA, qu’utiliser FB et tout autre vecteur de colportage de nos éminentes vies pour en faire une intelligente promo est totalement admis par la rédaction…
* LCMA= Lecteur-Chéri-Mon-Amour, pour ceux qui débarquent.
C’est le jour
Tu n’as pas de chance, je travaille dans une déchetterie. Oui, une de celles qui sont équipées de broyeurs géants. Avec des mâchoires énormes, aiguisées. Des bouches métalliques comme des gouffres sans fin.
Non, ça ne m’a rien fait de poser ta moto toute neuve sur le tapis roulant. D’appuyer sur le bouton, rouge, tentateur. De la regarder avancer lentement, puis passer les portiques et se faire déchiqueter, découper en fines lamelles; de voir les pneus éclater, le caoutchouc voler, l’huile se répandre en flaques visqueuses.
J’ai trouvé ça beau. Apaisant. Artistique, même.
Tu trouvais ça marrant de me pousser sur le périphérique ? J’insiste, tu as de la chance : tu vas bien rigoler : je vais te pousser sur le tapis roulant. Et je vais appuyer sur le bouton. Rouge. Tentateur.
Poisson d’Avril ?
Aujourd’hui, j’ai ri en écoutant Frédéric Lopez.
Poisson d’Avril ?
Il flotte dans l’air comme un doux parfum printanier, chargé d’amour urbain et de poésie routière. Les oiseaux chantent, les 4X4 passent en se trémoussant allègrement, les hommes politiques sont gais et positifs.
Il vibre dans l’air comme un sentiment de communion cosmique, une grande fête sidérale à laquelle tous, hommes, femmes, enfants, vieux, jeunes, banquiers, beaux, moches, gays, Marc Levy, pas gays, mariés, parents, pas mariés, publicitaire, pas parents, cons, pas cons (non, je reviens là-dessus… les cons sont exclus) drôles, pas drôles, travailleurs de l’ici et de l’ailleurs, de l’au-delà et du passé, Patrick Juvet, chantent comme de joyeux cannibales aux dents non cariées.
Il fulgure dans l’air frais, par la fenêtre, l’admirable envol du chameau, le looping de la momie et la grâce astrale de la chaise de camping bleue.
Internaute, mon ami, mon frère, mon alter ego, mon altéré, GO ! Vas-y, lâche-toi : quitte ton clavier et entame ta quête de vraie vie ! Tu verras, c’est sans douleur, même pas mal, même pas peur.
Un peu de poésie, que diable!
Ami du oueb, explorateur de la blogosphère, aventurier multimédia, ces quelques phrases sont pour toi. Toi qui pousse l’amitié virtuelle jusqu’à me lire, même aux heures les plus blafardes de la nuit, qui parfois dans un moment d’extase laisse une trace verbale de tes pensées les plus profondes (des trucs forts, genre « LOL ») et qui manifeste ta joie à la découverte de mes pensées foutraques, je te dédie cet ultime post 2012. Oui. Sur fond de musique disco, perchée sur mes bottes compensées en vinyle orange, les ongles peints de strass et la veste à paillettes de Patrick Juvet (un collector acheté prix d’or sur e-bay) sur le dos. J’ai même à mes côtés un roman de Mac Levy, c’est te dire… (nan, là je déconne).
Donc, merci ! Merci à France Inter et particulièrement à Frédéric Lopez, sans qui je n’aurai pas multiplié mon lectorat par au moins 4 (voir 5 les jours de liesse), merci aux amateurs d’ubiquité et de transferts par voie d’ondes, merci aux amoureux de clones et aux adeptes des boîtes vocales. Sans vous, je n’existerais pas sur la toile et ça, franchement, ce serait dommage… Un tribute spécial aux banquiers et aux publicitaires, sources inépuisable de crises épistolaires, aux SAV divers et aux conducteurs de 4X4 en ville, ces poètes urbains aux infinis noms d’oiseaux.
Comme c’est la fête et que des réminiscences de l’esprit de Noël flottent encore dans l’air pollué périphéen, laissez-moi vous offrir un poème… Que ceux qui liront jusqu’au bout voient tous les vœux se réaliser jusqu’à la nuit des temps… Et n’hésitent pas à se faire connaître, ce sont des héros en puissance… un peu de lyrisme débridé donc. Et non, je n’ai pas bu.
Poème sans titre
Ours dansant, marchands d’esprit, sortez de vos terriers,
Le printemps se pointe en décembre,
Gare aux coups de lune en Janvier.
Nains, ogres, ministres du meilleur et du pire,
Fées outrageuses, belles harpies de cendres,
Lapins magiciens, colibris roses et au cœur à rire,
Sortez danser au son des trompettes de la renommée.
Ivres de ketchup, grisés de fleurs et saouls d’étoiles,
Préparez-vous, nobles amis aventuriers de la toile,
A recevoir en vos seins magnifiques et précieux,
Cette pure merveille, ce doux nectar parfumé :
L’ambroisie qui circule dans les veines des audacieux,
Le rêve,
Moteur des plus humbles et des plus capricieux !
… Aimez-vous les uns les autres et n’oubliez pas de changer l’eau des fleurs…
Enfin, un mot de Coluche, ce grand visionnaire: http://www.youtube.com/watch?v=uVd32Zyof6I
Cette semaine, j’ai bu les dernières gouttes de pluie pour connaître les pensées des Dieux…
…Mais les Dieux sont comme les princes charmants : si on arrête d’y croire, ils disparaissent…
Et pour cause : Les dieux sont en passe d’être remplacés par des machines. Et pas n’importe quelle machine : une machine qui contrôle tout, absolument de tout de votre vie. Non, pas votre ifaune, votre i-pad, votre i-pod ni même votre androïde 250G ou tous les i-pud, i-poud, i-poid, i-ped, i-pyd, i-paid que l’on pourra inventer . Tout ça, c’est de la gnognote à côté de de votre future coach personnel électronique: là, le « bitfit’.Le machin qui fait tout, mais alors absolument tout pour vous à votre place et sait mieux que vous ce qui vous convient !
1984 ? Une surprise-party pour les bisounours à côté!
Voilà le topo : vous vous fixez des objectifs que le truc vous aide à atteindre. Si vous êtes bien gentils, il vous distribue … des images…, comme quoi on a rien inventé de mieux depuis le primaire. Ce que ne dit pas la pub, c’est si au bout de 10 images on a droit à une grande image (pour ceux qui comme moi sont nés très loin dans le siècle dernier). Et au bout de 10 grandes images, à un un poster de Carla Bruni avec ses écouteurs Zik…
Il ne faut pas se leurrer: les challenges sont importants: marcher, monter des escaliers, dormir la nuit, brûler quelques calories… les vrais trucs de la vie, quoi, ceux qu’on a réellement envie de mettre en valeur. Ceux pour lesquels on ressent, très profondément en soi, le besoin d’une aide 24/24… les trucs pour lesquels, petits scarabées que nous sommes, nous avons BESOIN DE NOUS SENTIR ASSISTES. Parce que pour tout le reste, c’est vrai, nous sommes parfaitement autonomes.
C’est top: Pour mieux vous challenger, vous pouvez aussi publier sur les réseaux sociaux vos performances et les partager avec vos amis ! Trop fort ! Genre »aujourd’hui j’ai monté 50 marches » ou «j’ai marché 258 mètres dans le métro », qui fait mieux ? Du coup on va voir dans Paris (parce que je suis intimement convaincue que c’est le truc par essence du bobo parisien qui roule en 4X4 et jette négligemment ses mégots dans la rue) des tas de gens (connectés à des boîtiers) monter et descendre les escaliers, cavaler dans les escalators et piétiner dans les files d’attente. Et pourquoi, me direz-vous, se passionner ainsi pour un truc électronique qui ne fait que quantifier ce que l’on sait depuis des lustres mais que personne ne fait ? C’est tout simple :
1- Parce qu’il surfe sur l’esprit de compétition (MOI j’ai monté plus de marches que TOI),
2- Par ce que (et ça c’est génial) IL COMPTE LES CALORIES BRULEES. En gros : je mange un mars (357cal) et après je pars dans la cage d’escalier de mon immeuble et je monte et descend jusqu’à totaliser les 357 calories fatales. Eh ouiiiiii… les coachs humains ne sont pas capables d’annoncer précisément le nombre de calories brûlées. C’est sans doute ce qui les perdra.
C’est grave, non ?
Et ce n’est pas tout : le truc étudie votre cycle de sommeil et vous oblige ainsi à vous régler d’après ses analyses. Votre seule contrainte sera de le porter pour dormir. Moi qui croyais naïvement:
1- Que le nuit, la seule portable ce sont quelques gouttes de parfum
2- Que le chaque humain était unique… ben non, faut croire que non, puisqu’une bête machine peut le contrôler.
Question : qui met les données dans la machine ? Qui contrôle le corps humain ? Qui va bientôt contrôler ce qu’il reste de son âme ? Serait-ce une sorte de secte ? La secte « de ceux qui portent le bracelet de contrôle après avoir porté le bracelet qui rééquilibre les énergies » (très à la mode l’an dernier).
Dialogue :
– Bonne nuit chéri !
– Quoi, déjà ? mais, c’est samedi ! J’ai pas eu ma gâterie !
– T’avais qu’à pas passer 2h dans les escaliers pour battre le record de Kevin, maintenant c’est l’heure idéale pour moi pour dormir !
– Ahhhhh… moi c’est dans 37mn….
– Tant pis pour toi, tu n’as qu’à lire !
– Lire ? mais ça va pas? J’ai pas lu depuis l’école, et encore c’était parce que c’était obligatoire…
– Trouve un truc, c’est pas mon problème ; d’ailleurs j’éteins, ça va favoriser mon endormissement ; et il faudra acheter des ampoules vertes, c’est mieux pour se détendre…
– Mais… pour moi c’est des roses !
– Va falloir que se synchronise, sinon on ne va pas pouvoir vivre ensemble longtemps….
Ils s’endorment avec leurs bracelets docilement allumés.
Au matin, une vibration (AAAAaahhhahhaaa…. Quelle horreur…..) leur annonce qu’il est temps de se lever et immédiatement ils reçoivent sur leurs téléphones portables la liste des challenges de la journée à venir, assortie de la liste de leurs amis Facebook qui relèvent les défis. Et aussi les calories à brûler s’ils veulent maintenir leur taille 38. Pas le temps d’un bisou.
Le soir, ils pourront festoyer autour des graphiques résultats de leur journée d’efforts. Tous connectés à leur boîtier, leur téléphone, leur i-pad, leur compte Facebook. Ils boiront des cocktails lights en se congratulant puis iront se rouler dans la coke parce qu’ils s’ennuient décidemment trop. Certains, les plus atteints, iront chanter du Patrick Juvet en montant les escaliers de tour Eiffel, par les nuits de pleine lune. On les appellera les loups-gourous…
Ce qui m’éclate, c’est que cette domination incontestée de l’homme (et de la femme, mais moins) par la machine va vraisemblablement toucher ceux qui se précipitent dans les marchés bio et les spas de toutes sorte. Ou qui prennent des cours de yoga et de méditation. Ceux qui fantasment sur leur corps, le contrôle de leur corps, leur spiritualité qui flirte avec la bourse et la dernière console de jeux…
Concédons cette « avancée » technologique… à une seule condition: intégrer au boîtier un correcteur orthographique, grammatical, syntaxique et intelligent qui force les porteurs à parler et écrire correctement… ça serait déjà ça de gagné, comme challenge…
Moi, ce que j’en dis, les Dieux, c’est « soyez cléments » , ça va pas pouvoir durer…
Ma nuit burlesque
Public-chéri-mon-amour (et je ne répéterai jamais assez à quel point j’eusse aimé être à l’origine de cette appellation…) je n’ai pas coutume de m’étaler sur ma vraie vie. Mais ce coup-ci, je vais m’immoler sur l’autel de l’égotisme, spécialement pour toi. Donc, parler de moi … Enfin, plutôt d’une récente expérience à laquelle j’ai participé…
Dans ma recherche effrénée d’expériences diverses, j’avais postulé à une annonce trouvée sur le site internet d’Arte ; il s’agissait de participer à la création live de la suite du film « Tournée » de Mathieu Amalric. Pour les puristes : participer à un Larp (Live Action Role Playing) qui serait filmé (en vue d’une diffusion, s’entend). Et ma candidature a été acceptée. (Ca fait plaisir, parfois, qu’une candidature soit acceptée…)
Pour ceux qui n’ont pas vu le film, « Tournée » raconte les tribulations d’une troupe américaine de cabaret new burlesque dans une série de villes portuaires françaises.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le new-burlesque, petite citation wikipedia : « performances scéniques réalisées par des danseuses ou danseurs légèrement vêtus ou pratiquant le striptease »
Les échanges de mails concernant l’organisation m’ont mise à la tête d’une fiche personnage, d’un descriptif de la soirée à venir et d’un trombinoscope. L’expérience allait de dérouler de nuit (premier obstacle me concernant, surtout une nuit de pleine lune…). Dans le jeu, une audition était prévue. Soit: potentiellement, parmi les participants se trouveraient des performeurs « légèrement vêtus ou pratiquant le striptease ». Sur le coup, honnêtement, j’ai failli décliner (j’ai un grand sens du ridicule, surtout du mien), mais deux choses m’ont convaincue d’y aller : la fascination exercée par les shows extravagants et l’envie de participer à une expérience nouvelle. Et comme il n’était pas obligatoire de participer à l’audition… j’ai mémorisé les suggestions d’interactions avec certains personnages, essayé de repérer sur le trombinoscope ceux auxquels j’aurai à faire, fait deux ou trois tentatives de chant qui m’ont définitivement découragée de participer à l’audition, enfourché mon fidèle destrier et suis partie dans la nuit noire, en hurlant à la lune. Ca fait toujours son petit effet sur le périph’.
Donc me voilà sur place, le cœur dans la gorge et très moyennement sûre de moi. Le lieu est tout préparé pour l’évènement : un espace en-cas, une espace « loges » et la grande salle dans laquelle la majorité de l’improvisation se déroulera. Pas de décors (juste de quoi s’asseoir), un caméraman, une équipe technique.
Premier constat : l’ambiance est détendue, sympathique et ludique. Les organisateurs sont accueillants et ouverts, les pizzas sont chaudes. Ca fait sérieux.
Personne ne connaît la vraie identité des participants.L’atmosphère est rigolote, entre tenues de show, maquillage, derniers préparatifs et récapitulatif des rôles (salut, t’es qui, toi?). Petit tour de piste : les personnages sont remarquablement incarnés. Nous avons parmi nous un groupe de performeuses aux looks très pro, des patrons de salle, de cabaret, producteurs totalement crédibles, un commandant de bord (identifiable à son costume), une hôtesse de l’air (même remarque) et une kyrielle de personnages divers moins typés par leurs tenues (je me case dans cette catégorie) ; quelques rôles masculins sont tenus par des femmes, mais –me concernant- ça n’a fait aucune différence.
Après le brief et quelques exercices, la soirée débute par la projection du film, ce qui met l’ensemble des joueurs en condition pour la suite. Vers 23h30, le jeu commence. C’est-à-dire : on n’est plus soi. Et on improvise.
Chacun fait sa vie, en suivant plus ou moins les suggestions figurant sur les fiches personnages. Tout le monde semble être entré dans le jeu et les situations se créent petit à petit.
Comme nous étions assez nombreux, il est difficile de raconter l’histoire qui a été montée dans sa globalité. Une intrigue principale tout à fait dans la lignée du film et manifestement des tas d’intrigues parallèles, dont quelques meurtres, trahisons, révélations fracassantes, tentatives de drague et sans doute des tas de choses dont je n’ai eu vent : présence d’extra-terrestres, élection d’un président de gauche, retour sur scène de Patrick Juvet, entrée dans les ordres de DSK, ouverture d’une brèche spacio-temporelle pour permettre à Marc Levy d’apprendre à écrire… mais je m’égare…
Le clou de la soirée a été sans conteste les shows burlesques présentés lors des auditions. Honnêtement ? J’ai été bluffée… il y a eu des performances pro (très pro) et des performances amateurs totalement impressionnantes. C’est-à-dire préparées, travaillées, étudiées… comme ça, juste pour le jeu ! Du vrai fun, de longs gants noirs, des paillettes, des guêpières, des tas de choses qui brillent, des bottes extravagantes et des plumes d’autruche… un vrai mirage si près du périphérique…
C’est là que j’ai eu une révélation : il est extrêmement difficile de se mesurer à des femmes à moitié dévêtues.
Oui, énoncé comme ça, ça a sans doute l’air évident… Mais j’ai sincèrement eu l’impression que la moindre tentative de numéro habillé (autre que chanté ou dansé) aurait été … un peu comme un cheveu sur la soupe, une fille en tenue de ski au milieu de plagistes en bikini, un comédien parmi les hommes politiques (c’est à dire incongru)… ou alors il fallait être vraiment très bonne… ou sous l’emprise de substances diverses et non avariées…
Comme c’était une soirée placée sous le signe de la découverte, j’ai d’autres révélations fracassantes à vous faire :
– Les gnistes sont parmi nous (oui, parmi vous aussi) ; ce ne sont ni des aliens, ni des androïdes espions, mais des gens étranges aux actes régis par des lois qui leurs sont propres. Ils ont l’air d’avoir de multiples talents et s’emploient à convertir les non-gnistes. Mais je n’ai pas eu l’impression que ce soit une secte ou une religion… Donc s’ils vous approchent, vous pouvez leur parler aimablement (les gnistes sont les participants aux jeux de rôles Grandeur Nature),
– Les commandants de bord rament (ils sont pagaies),
– Les informaticiens sont les mêmes dans la vie et dans les personnages de jeux de rôle… ce sont des gnistes qui s’ignorent. Je propose qu’ils soient déclarés « race à part » ; comme de toute façon ils ont un langage à eux…,
– Les niples devraient être remboursés par la sécurité sociale, vu leur effet requinquant,
L’impro géante a duré près de 4 heures. Et oui, on tient parfaitement sur la durée… d’ailleurs après le signal de fin, c’est un peu difficile de trouver quoi dire… après tout, on débarque pour de bon à ce moment là….
Un grand merci aux organisateurs, aux participants, à tous ceux qui ont apporté leur contribution à cette expérience bluffante, inattendue et pleine de surprises. Et encore bravo pour tous les shows…