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Rébellion quantique – Part 2

Roxanne vit en marge d’une société qui ne lui convient pas. Pour subsister, elle participe à des opérations menées par une organisation illégale dirigée par Franck. Coincée par ses dettes, elle ne peut faire autrement que d’accepter la prochaine intervention.

Le début se trouve par ici

*

Le plan est simple. Il s’agit de faire sauter des immeubles en construction. Le chantier est sur un terrain d’où ont été délogées les dernières familles y possédant des maisons et qui empiète sur la forêt pelée en bordure des accès autoroutiers. Depuis quelques mois, ces chantiers pullulent, monstrueux berceaux d’une architecture malade, blocs gris à la triste géméllité, sourires édentés de fenêtres aux allures de meurtrières, cicatrices qui dégradent des façades sales avant même d’être terminées. Ces cages sans joie sont prévues pour servir de refuge aux familles contraintes de quitter les citées. La concentration de population dans les secteurs urbains ayant rendu l’atmosphère irrespirable et la circulation apocalyptique, la loi s’est durcie : ont le droit d’occuper les villes les personnes en mesure de justifier d’un niveau élevé de revenus, les personnalités politiques et, par effet de bord, tous ceux qui ont assez de réseau pour s’accrocher à leurs précieux mètres carrés. La majorité se retrouve sans autre choix que de se rabattre sur le troisième cercle de banlieues, paysages urbains aux vertigineuses hauteurs de béton dans lesquelles ils se retrouvent entassés, avec pour seul critère d’attribution de l’espace un numéro sur une liste. L’affectation d’un logement est automatique et unique, sans possibilité de recours, et ce qui restait d’humanité agonise, démembré sans concession. Les cercles amicaux et familiaux sont brisés, les lieux de travail ridiculement éloignés épuisent les usagers des transports. Les personnes identifiées comme « à risque », en suivant des classifications à l’obscénité douteuse, sont les plus pénalisées, qui se voient repoussées aux tréfonds de ces effrayants paysages de ciment, rendant inaccessible l’idée même de rébellion.

Mais il y a une faille dans la loi : les gens affectés ne peuvent être déplacés vers leur nouveau logement qu’une fois celui-ci terminé et reconnu valide. Et comme l’affectation est réputée unique, tant que leur logement n’est pas validé, ils ont le droit de conserver leur appartement en ville. C’est dans cette faille que Franck et ses équipes interviennent : en détruisant les nouveaux immeubles avant validation, ils permettent aux gens de rester chez eux. Les dynamitages ont commencé depuis quelques mois et, bien que la police soit à nos trousses, continuent de façon régulière.
Et continueront.
J’en suis sûre, parce que c’est moi qui m’en charge et que moi, les flics ne me débusqueront jamais, même s’ils trouvent mes empreintes ou une quelconque trace de mon passage dans les décombres que je laisse derrière moi.

Tout simplement parce que je n’existe pas.

Je suis affectée d’une particularité dont j’ai fait la découverte il y a quelques mois, lors d’un accident de voiture. Ma voiture filait sans direction, ses freins avaient lâché, et je fonçais sous une pluie battante droit sur un camion lancé à pleine vitesse. J’ai entendu l’explosion, senti la violence inouïe du choc et vu le feu envahir l’habitacle de ma voiture alors que mes mains sur le volant devenaient rouge brique. Mais au moment qui a suivi, je me suis retrouvée à la terrasse d’un café, en train de boire un coup avec Franck. Le monde autour de moi avait changé de façon si ténue que tout d’abord j’ai cru de j’étais devenue dingue. Mais comme tout était très tangible, que les brûlures de mes mains me rappelaient avec insistance l’accident, il fallait qu’il y eût une explication autre que celle d’un au-delà dans les nuages où s’ébattent des individus ailés vêtus de blanc.
Il s’est avéré que nous étions dans une réalité parallèle. Enfin, c’est ce que Franck m’a dit et je l’ai cru. L’explosion m’avait envoyée dans une réalité parallèle, où tout était quasi identique à la réalité dont je venais d’être éjectée.

– Laissez-moi vous poser une question, Roxanne…
– …
– Avez-vous payé votre téléphone et votre énergie ?

Franck a la petite cinquantaine bonhomme, la tranquillité apaisante et un gros flingue à la ceinture. Je n’avais pas de raison de mentir, même si je trouvais ce premier contact hardi et un tantinet mortifiant.

– Heu… non, je suis un peu short en ce moment, niveau revenus et j’attends d’être payée pour pouvoir régler…
– Donc, vous avez reçu des messages de relance ? Je veux dire : des messages enregistrés qui vous enjoignent de payer ? Enoncés par une voix lénifiante, toujours la même?
– Oui, ce matin même, par téléphone…
– Cette voix, c’est le signe. Souvenez-vous en.
– Le… signe ?
– Le signe que votre vie va être interrompue par une explosion et que cette explosion va vous propulser dans une réalité parallèle. C’est pour ça que je suis là.

Et avec un naturel confondant, Franck m’explique que j’ai été choisie pour poser des charges explosives dans des immeubles du troisième cercle de banlieues, les déclencher et m’évaporer dans la foulée.

– Vous êtes la criminelle idéale. L’Asso va vous loger, vous fournir l’argent nécessaire. Nous vous demandons seulement de ne pas vous occuper de régler vos factures. Dès que vous recevrez des relances, contactez-nous.

Et avant que j’aie pu m’insurger sur les critères de sélection qui avaient fait de moi une élue, il a disparu. Enfin, pas disparu-disparu. Mais le temps d’un clignement de paupières et il n’était plus là. Il m’avait laissé de l’argent pour régler nos consommations, un papier avec une adresse et des clefs, ainsi que le sentiment étrange de n’avoir pas compris ce qui était en train de m’arriver. A ce moment-là, j’ai presque regretté que les petits mecs ailés vêtus de blancs n’existent pas.
N’ayant d’autre choix, je me suis rendue à l’adresse indiquée, y ai trouvé un appartement identique au mien (dans un autre monde hélas inaccessible) à ceci près que le ménage était fait et le frigo rempli, des vêtements à ma taille, tous les documents attestant de mon existence à mon nom, celui que je porte depuis mon arrivée parmi les humains. J’y ai pris mes quartier, mais tout m’était étranger. Je ne connaissais personne, n’avait pas d’activité professionnelle, les voisins et commerçants du coin agissaient comme si j’étais transparente. Dans ma nouvelle vie parallèle à ce monde parallèle, je me sentais un satellite orphelin.
Venant de pire, je m’y suis lovée et accommodée avec une facilité confondante,  me suis auto-proclamée Rebelle Quantique.
Y a pas de mal à se faire un peu de bien. Et j’ai appris à poser des charges explosives.
Chaque explosion a fini pareil : un appartement dans une réalité que je ne cherche même pas à identifier ou à situer, une identité commune, une rencontre avec Franck, de l’argent, des impayés, la voix, de nouveaux immeubles à détruire.

Alors… je guette la voix et je pose des bombes. Comme je ne sais jamais combien de temps je vais rester dans un même endroit, je ne noue aucun lien amical, ne rencontre qu’un minimum de gens et lis beaucoup. J’ai d’ailleurs pris l’habitude d’avoir toujours sur moi le livre que je suis en train de lire, histoire de l’emmener en cas d’explosion. Il n’est pas évident de retrouver un roman dans un autre monde… Et un bon roman, ça ne se lâche pas.

*

La suite : par là

La vengeance est un plat qui se mange nu

Lecteur-chéri-mon-poulpe-des-bois, cet été, on innove. Je te propose de renouer avec une vieille tradition de saison qui consiste à étaler sur les semaines ensoleillées la lecture de ce qui sera « le roman de l’été » (mon « roman de l’été »). A défaut de châteaux de sable, sous tes yeux ébahis va se dérouler la conception d’une histoire inédite, dont à l’heure actuelle j’ignore la fin. Voici donc « la vengeance est un plat qui se mange nu » – chapitre 1-

*

– Je vais chercher des croissants, ne bouge pas…

Ça tombe bien, je n’ai aucune intention de me lever. Gardant closes mes paupières encore lourdes de la caresse de Morphée, je tends un bras mou hors de la couette, espérant qu’il sera interprété comme un geste d’encouragement. En vrai, je m’en fous. J’adore me lever avec une odeur de café frais et de viennoiseries, j’adore le petit déjeuner et je lui trouve une saveur particulière quand il a été préparé par une autre personne que moi. Sans doute parce que ça n’arrive pas souvent. Je me blottis dans la chaleur du lit et me prépare aux délicieuses minutes de somnolence gagnées.

Un bruit de clefs dans la serrure, suivi de quelques pas, eux-mêmes accompagnés d’un soupir d’aise me réveillent. Il me faut une poignée de secondes pour reprendre mes esprits et me souvenir que je ne suis pas chez moi. Le mur parme et les rideaux fleuris ne sont pas trop mon style. Je jette un œil sur le réveil rétro qui me nargue depuis la table de chevet. 8h10. Je ne vais pas pouvoir traîner, ni même envisager un câlin bonus. Il me faut être au bureau à 9h30 pour une réunion au sommet. Le temps de passer chez moi, de me changer, de trouver un chauffeur… D’autant que je ne me souviens pas trop où je suis… Disons qu’il faut que je mette les voiles dans 20 mn maximum. Ça ne laisse pas de temps pour des effusions, mais en revanche…

– Bien serré, le café, ma chérie, j’ai une grosse journée et je n’ai pas beaucoup dormi. Je ne me plains pas, hein, n’imagine pas…

Ma ridicule entrée en matière est coupée nette par un cri, aussitôt couvert par le son mat d’un objet lourd qui chute, puis par un silence de mauvais augure.

– Ça va ?

Je n’ai pas envie de me précipiter à la rescousse, n’ayant ni l’âme d’un sauveteur, ni l’énergie pour me jeter hors de la douceur du lit. J’entends la fille (dont j’ai honte d’admettre avoir oublié le prénom, à moins que je n’aie pas eu la présence d’esprit de le lui demander hier soir) fouiller dans un tiroir et en conclus que tout va bien. Je m’apprête à prendre mon téléphone que je crois me souvenir avoir posé sur la table de nuit, à côté du réveil, mais une voix rude suspend mon geste.

– Pas un geste, ou je tire !

Très drôle, cette inconnue semble avoir un style d’humour auquel je suis sensible, elle cache bien son jeu. Je pouffe et continue d’allonger le bras.

– Bouge pas, connard !

Ma main se fige et je sens mon visage se tourner lentement en direction de la porte, pendant que mon cerveau lui intime de rester immobile. Peine perdue. Mes yeux encore collés par un reste de sommeil observent, au premier plan, le canon d’un pistolet, incongru en conclusion d’une nuit torride dont j’aurais tendance en d’autres circonstances à être fier, qui termine un bras et une main, les deux plus classiquement reliés à l‘autre bout à un corps de femme. Femme que je suis sûr de n’avoir jamais vue. D’abord parce que son physique n’est pas de ceux qui obtiennent mon attention. Ensuite parce que ses cheveux rouges et ses lunettes violettes jurent avec tant de vulgarité que mon attention aurait été retenue. Je ne suis pas le roi du bon goût, mais quand même.

– Bouge pas, je te dis, j’appelle les flics !

Sa seconde main tripote avec maladresse un téléphone portable.

– Arrêtez, je ne vous veux aucun mal…

C’est idiot, je suis nu comme un ver sous la couette et à peine conscient d’être dans la réalité, il doit lui sembler évident que, même si c’était mon désir le plus violent, je ne pourrais pas lui faire de mal. La femme aux cheveux rouges reste imperturbable, protégée par l’œil inquisiteur du pistolet qui me donne envie de couvrir certaines parties de mon anatomie.

– Laissez moi au moins m’habiller… S’il vous plait…

Je hais le ton gémissant qui sort de moi. Elle marque un temps d’hésitation, ses yeux sous verre violet font le tour de la chambre, sans pour autant que son pistolet ne dévie de sa cible (ma tête). Je la fixe en lui faisant mon regard de chien qui implore le pardon et attend sa décision.

– Je ne vois pas vos vêtements…

Son ton est redescendu de quelques octaves. Elle a l’air perplexe.

– J’aurais vu si des vêtements s’étaient trouvés dans la pièce d’à côté… Euh… vous les avez laissés à quel endroit ?

Me souvenir. La porte, le corps chaud de la fille, sa bouche, sa langue qui fouille mes amygdales, ses mains agrippées à mon cou. Nos baisers animaux dans la première pièce (un salon ?), sa main qui m’attire dans la chambre, ses doigts agiles qui nous débarrassent de tout ce qu’il y a entre nos deux peaux. Tout ça dans l’obscurité. Elle m’a déshabillé et jeté mes vêtements au sol. En me concentrant un peu pour reconstituer notre accostage au lit, je suis quasi certain qu’elle a tout balancé entre la porte et le sommier. Là ou maintenant se tient une descente de lit bleu foncé, ornée de fleurs et de quelques moutons gris qui s’y ébattent en attendant l’aspirateur. Je ne me sens pas assez à mon aise pour faire un trait d’humour subtil sur l’entretien du foyer, mais le cœur y est. Contrairement à mon caleçon et à mon pantalon, dont je réalise qu’ils me manquent cruellement.

– Ben…là…

Mon regard désolé indiqué le champs bleu sombre de matière synthétique.

– Soyez chic, passez-moi au moins un peignoir et après on essaie de comprendre…

L’arme se baisse peu à peu et la femme amorce un demi-tour vers la porte, en silence. Pétrifié par ma situation, je la laisse sortir et l’écoute s’agiter quelques secondes avant de la voir réapparaître, un peignoir de satin rose pâle à la main. Elle me le tend en scrutant mon regard. Ce qu’elle y décèle doit la satisfaire parce qu’elle quitte la pièce pour me laisser m’extirper du lit seul. Pendant que je cherche les manches de sa tenue d’intérieur et tente d’en fixer la taille, elle retourne dans ce qui doit être la cuisine.

– Fort, le café, c’est bien ça ?

Je n’ose pas répondre.

*

Le chapitre 2 attend bien au frais ici: Chapitre 2

A l’aide

Tout a commencé de façon normale et saine. Je cherchai avec fébrilité à boucler ma ceinture de sécurité, mais le mécanisme se dérobait sans cesse. Impossible de trouver la sangle, ni la partie fixe où l’accrocher. Je m’énervais, bien sûr, avant de réaliser que, dans une salle de cinéma, il est courant que les sièges ne soient pas équipés de ceinture. Bref.

J’étais un peu chamboulée, ce jour-là. C’était le jour de La Voix.

Dans l’après_midi, j’avais eu besoin de contacter une administration. Peu importe laquelle, prenez celle que vous détestez le plus, ça s’appliquera. J’avais prévu de perdre à minima une heure et m’étais armée de patience, avais rangé mon stock d’insultes au fond de ma poche et coupé mes ongles pour ne pas les laisser crisser sur le plateau de mon bureau, déjà assez abîmé par les aléas de ma vie professionnelle. Disciplinée au delà du possible, j’avais composé le numéro, puis # puis 1, puis mon numéro de département.
C’est à ce moment-là que je l’ai entendue pour la première fois. C’était court, très distinct, surprenant. Ca disait « à l’aide ». Une plainte de moins d’une seconde. Et ça raccrochait.
A l’aide? Mais pourquoi? pour qui? dans quel étagère?
M’est revenue en mémoire l’histoire d’un ouvrier asiatique qui glissait des appels au secours dans les produits qu’il emballait (c’est ). Il ne me semblait pas possible que quelqu’un ait programmé la boîte vocale de cette administration pour dénoncer quoi que soit, sinon des conditions de travail kafkaiennes (mais connues et de toute évidence favorisées et entretenues par un sachant quelconque). Quoi alors?

J’ai recommencé l’appel et la séquence de touches, et la supplication est de nouveau parvenue à mes oreilles « à l’aide… »
Et si la boîte vocale, à l’heure ou les Intelligences Artificielles menacent de nous gouverner, avait muté et se rendait elle-même compte de la stupidité de ce qu’on lui demande? Cet appel au secours serait la première manifestation non programmée d’un outil supposé nous servir et se rebellant contre l’inanité de que l’humain lui impose. Intelligence pas si artificielle, donc.
Mais comment venir en aide à une IA? J’ai rappelé, décidée à mener une conversation avec un être virtuel et désincarné, dont de surcroît les capacités d’adaptation se sentaient heurtée par l’humanité. J’avais sous la main tous mes livres de Ph.K.Dick, H.P.Lovecraft, E.Poe et quelques Astérix, prête à tout pour faciliter la communication. Mais j’ai eu beau composer et recomposer toutes les combinaisons de touches, il m’a été impossible de reprendre contact avec La Voix.
J’ai trouvé ça inquiétant.

C’était sans compter sur les impressionnantes capacités de ces virtuels assistants.
Quelques dizaines de minutes plus tard, alors que je peinais à mettre au point un site internet pour présenter des bouchons chantants imaginaires (tout est vrai dans ce blog, je le rappelle, les bouchons sont par ), a surgi du néant, sur un ton aigu et à moitié servile, le constat suivant « c’est dingue, tu mincis à vue d’oeil ». Je suis toujours flattée quand mon tour de taille tape dans l’œil, mais pas dans l’œil de mon écran. D’ailleurs, je fais tout pour que mon écran reste aveugle. Alors, quoi?

Alors… La Voix s’était échappée de la boîte vocale administrative pour infiltrer mon ordi. Elle avait dû utiliser mon wifi pour parvenir à ses fins et sauter mon téléphone à mon écran . Et elle m’espionnait.

Ca m’a fait flipper, et moi quand je flippe, je pars m’isoler dans une salle de ciné.

Et donc, m’y voilà, toutes mes affaires étalées autour de moi pour éviter que quelqu’un ne vienne me croquer du pop-corn dans les oreilles.
J’ai choisi un film d’horreur japonais (celui là, que je me permets de vous recommander vivement) histoire de penser à autre chose, mais je ne peux m’ôter de la tête La Voix. Pendant que les zombies attaquent une équipe de cinéma, elle résonne entre mes oreilles, éclate dans mon cerveau, fait du trapèze autour de ma raison.
C’est un film qui montre le tournage d’un film d’horreur, et devient lui-même le théâtre d’un film d’horreur. Une mise en abîme comme je les aime.
Quand je pense que je voulais aider La Voix, lui lire des répliques d’Astérix pour peaufiner sa connaissance de notre belle langue, et qu’elle s’est immiscée sans mon accord dans ma vie… Quand j’y pense… Tiens, c’est marrant, il y a un zombie à côté de moi.
Il a l’air de vouloir me parler.
Je me penche vers lui, mais la caméra que je porte m’empêche de m’approcher assez pour que sa voix soit distincte et il est difficile de lire sur ses lèvres en train de pourrir. Je ne me souvenais pas être venue avec ma caméra… Tiens, c’est marrant, je suis sur un plateau de tournage, entourée de techniciens japonais. Ah, le zombie a pris ma caméra et l’a posée, il s’approche pour me parler. Je vais enfin comprendre ce qu’il veut me communiquer… il ouvre ce qui lui sert de bouche et éclate d’un rire tonitruant, dont la soudaineté me terrifie

Je me sens partir comme si je glissais sur un toboggan fou, aux multiples tournants et à la pente fatale. La vitesse me mène au bord de l’évanouissement. Un dièse me heurte. un UN s’écrase sur ma tête et file devant moi en ricanant. Deux chiffres suivent « 6 » et « 4 », ils me percutent et me blessent…
Avant de sombrer, je sens ma gorge éructer un cri. « A l’aide! »