Les trucs cons de notre environnement urbain
Loin de moi l’idée démente de vouloir critiquer les efforts démesurés faits pour améliorer notre quotidien.
Loin aussi l’idée de dénigrer les magnifiques trouvailles faites pour nous permettre, encore et encore, de ne plus réfléchir ni nous poser de questions.
Loin, encore, le sentiment que l’on nous prend pour des idiots tous justes bons à jeter des euros par la fenêtre.
Non.
Aujourd’hui il ne sera pas question de la dernière application i-phone destinée à localiser les lieux de débauche de vos collègue, du dernier jeu en ligne dans lequel vous allez incarner un président de droite qui tient ses promesses ou du dernier appel à financement participatif (autrement baptisé crowdfunding, pour les bilingues) pour créer un président de gauche qui tient ses promesses.
Aujourd’hui, il sera question de lister quelques-unes des créations qui laissent dubitative la citoyenne blonde lambda. (Ceci écrit pour ne pas abuser du temps de la ménagère de moins de 50 ans, dont l’évocation apporte une touche désuète à la littérature ouebienne de qualité –il me semble-).
Les trucs cons, donc.
Par exemple, le petit pot de vinaigrette en plastique, qui est astucieusement caché au fond du bol de taboulé. Si on ne l’a pas vu, on casse sa fourchette en plastique dessus, auquel cas on doit terminer le taboulé à la petite cuiller. Si on l’a vu, on n’a d’autre choix que de l’extraire des petits bouts de persil (il s’agit d’un taboulé libanais) avec les doigts.
Dans les deux cas, on se retrouve à manipuler un petit pot tout gras et baignant dans les aliments.
Ce qui amène à la serviette.
L’unique serviette fournie avec ce type de repas à emporter est généralement faite d’un papier aussi absorbant que du papier calque. Ou du papier toilette d’hôpital…Vous me suivez…
Soit : il est impossible de compter sur elle pour se débarrasser du gras que l’on a sur les doigts.
En résumé : des couverts en plastique trop fragiles, de la sauce en boîte planquée au cœur même du plat et une serviette inutilisable… Après ça, il ne faut pas avoir besoin de passer sa main dans ses cheveux ou de fouiller au fond de son sac…
Autre découverte (récente) de mes services, mais ça doit exister depuis longtemps : les plats ou sandwichs à emporter sur lesquels figurent le nombre de calories absorbées. Comme ça, une fois barbouillée de taboulé et avec des reste de cake aux raisins dans les cheveux, votre fourchette décapitée gisant devant vous comme un militant centriste, vous pouvez calculer ce que votre pause déjeuner vous apporte comme calories et immédiatement mettre au point un plan d’action pour les perdre.
Ca, c’est évidement dans le cas ou vous remarquez le chiffre fatal après avoir fait vos achats alimentaires.
Si vous le remarquez avant… soyez honnête, vous allez vous précipiter sur le riz au lait au caramel salé qui représente à lui tout seul un marathon et une demi-heure de nage papillon, ou vous allez sagement vous rabattre sur une pomme bio ? (On sait que la pomme est bio parce quelle ressemble plus à une vieille patate qu’au fruit du péché originel et qu’elle coûte l’équivalent de 3 riz au lait.)
Pour poursuivre le résumé : on rentre au bureau avec les mains et les cheveux sales et on est soit frustrée soit coupable. De quoi aborder la réunion de service avec le sourire aux lèvres et le bout de persil coincé entre les dents de devant…
Si on dispose de quelques minutes pour faire un petit break avant de retourner travailler (pour éventuellement lire un moment ou gagner quelques points de vie sur Call of Duty Modern Warfare 3, ou signaler par facebook que l’on se trouve en pause déjeuner). Il existe maintenant non plus le bon vieux banc accueillant et lieu de partage, mais des chaises fichées dans le sol comme autant de mini-trônes, suffisamment proches les unes des autres pour donner un air d’ensemble, mais aussi suffisamment subtilement éloignées les unes des autres pour que l’on soit isolé.
J’ai essayé : pas de place pour poser son pique-nique ou son sac à main, encore moins son casque de moto (qui doit donc traîner par terre), une sensation étrange d’être assis au milieu des gens qui passent à vive allure et surtout… cette solitude forcée… pas moyen d’occuper ces sièges si on est plusieurs, à moins d’envisager de hurler au lieu de parler. Sic…
La palme du truc con, pour finir : la porte vitrée qui s’ouvre avec un badge. Ou plutôt, la série de portes vitrées alignées qui s’ouvrent avec un badge. Le principe est simple : un lecteur de badge à droite de la porte permet d’ouvrir cette dernière. Sauf que, pour les gauchers (communauté certes réduite, mais néanmoins à prendre en compte), le badge est naturellement tenu dans la main gauche. Et pour les gauchers pressés, le badge se pose naturellement sur le lecteur de gauche, ouvre donc la porte de gauche et le gaucher pressé fonce tête baissée dans la porte qui lui fait face et est restée imperturbablement fermée.
En final : du persil entre les dents, les doigts gras, les cheveux plein de miettes, le casque maculé de boue, une bosse sur le front et un fort sentiment de culpabilité alimentaire prestement transformé en forte envie de noyer son ressentiment contre la modernité dans le distributeur de gâteaux au chocolat….
Et comme une bonne journée se termine par une bonne nuit, il faut maintenant, passé 40 ans, porter pour dormir une nouveauté révolutionnaire: le soutien-gorge « écarteur de seins », pas trouvé sur le oueb, mais le concept est le suivant: maintenir les seins en place même si on dort sur le côté, pour éviter les plis disgracieux qui floutent le décolleté toute la matinée… si c’est pas beau de vieillir…
Publié le 28 juin 2012, dans Capillotractions, La fée pétasse, et tagué banc, chaise, pause déjeuner, repas à emporter. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.