Histoires de banques

Banques avec un « s » ; parce qu’il n’y a pas de raisons que ça change d’une banque à l’autre…

Où l’on apprend que les mouvements bancaires, non contents d’être gérés par des automates, vivent leur vie seuls.

Que par exemple, si une erreur se glisse dans votre numéro de compte, qu’à cela ne tienne, l’automate va s’arranger pour trouver un numéro de compte approchant ; peu importe la clé RIB (c’est vrai, une clé de contrôle, à quoi ça peut servir ? à part à faire travailler des geeks au fond d’obscurs bureaux poussiéreux sur des algorithmes complexes, à rien…) ; peu importe le nom du titulaire du compte (aux dires du banquier, ça ferait une base de données tellement énooorme  – mais vous ne vous rendez pas compte…-  que c’est peine perdue) ; et puis un nom ça humanise sans doute un peu trop, ça peut donner au banquier l’idée que derrière ces chiffres négatifs et ces relevés insultants se cache un être vivant et en perdition. Non, vraiment, le mieux est de trouver un numéro de compte existant, vaguement ressemblant,  et de tout mouvementer dessus. C’est plus simple. Règle d’or : surtout n’avertir personne, ça compliquerait inutilement.

Donc, l’automate 1 attribue vos sous (virtuels) à un quidam qui n’est pas vous ; c’est déjà énervant, mais ce n’est pas le pire.

Parce que l’automate 1 est un grand pervers, il aurait quasiment pût être publicitaire. Il transmet  ses divagations à l’automate 2, qui va tout seul comme un grand prévenir l’humain que la mise à jour est à faire. Entendez par là : modifier à la source de vos finances votre numéro de compte en banque par celui d’un quidam.  Et l’humain, considérant l’automate comme une divinité omnisciente et jamais en tort, obtempère forcément ; c’est vrai, pourquoi mettre en doute la parole d’un ordinateur ? Et pourquoi pas croire tout ce qui est écrit dans meetic, si on va par là?

Vos sous continuent donc d’alimenter le compte d’un être non identifié par vous.
Et voilà ! Ni vu ni connu ; si on ne surveille pas un minimum, on est … comment dire… très ennuyé me paraît poli et loin du compte… On attend, on râle et pendant ce temps là un inconnu (qui ne vous offre pas de fleurs) fait Macumba night à vos frais… et l’automate 1, tout rigolard, vous prélève sans pitié des frais pour impayés. Ubuesque.

Mais les arcanes de la banque sont nombreuses et obscures … par exemple, il vous est obligatoire d’avoir une décharge signée pour alimenter le compte d’un tiers qui n’est pas vous (et n’a pas été choisi arbitrairement par un automate pervers)  Même si la personne en question est un bébé de 18 mois.
C’est quand même magique : impossible de virer de l’argent sur le compte de son enfant trop jeune pour signer, mais parfaitement possible de voir ses fonds alimenter le bas de laine d’un inconnu… on nage en plein paradoxe bancaire… bientôt les DAB vont cracher des yens sous prétexte qu’on porte un jean « made in China », les chèques vont mélanger leurs propres chiffres en ricanant et en psalmodiant des rites démoniaques, les guichets vont s’embraser à l’approche des blondes qui chantent du Patrick Juvet (mais ça, on ne pourra pas leur reprocher) et employées vont entamer des chorés de pole-dance entre leurs sièges, le corps couvert de talons de carnets de remise de chèques…  Mais comment combattre des automates ? Autant forcer Nicolas Cage à jouer dans un bon film…

Donc grâce à tous les automatismes mis en place dans le merveilleux monde de la finance, on se trouve sans fonds pendant quelques longues semaines ; et si on a l’outrecuidance de téléphoner pour s’enquérir de son dossier, on tombe sur un répondeur qui susurre d’une voix mielleuse « vous avez envie de faire les soldes ? … parlons-en… » Ouais, parlons-en. Si ce n’est pas de la provocation. La banque ou comment relancer la consommation. Vous voulez vous couvrir d’oripeaux de provenance douteuse, fabriqués par des enfants sous-alimentés et acheminés par camions super-polluants ? Votre banque préférée va vous arranger cela.

Voilà, c’est à ajouter à « manger 5 fruits et légumes par jour », « marchez 30 mn par jour », « lavez-vous les mains après avoir été aux toilettes », « ne vous précipitez pas dans les escaliers ». « Faites les soldes avec la bénédiction de votre banquier ».

Publié le 18 janvier 2011, dans Extrapolations, et tagué . Bookmarquez ce permalien. 5 Commentaires.

  1. On sent un certain ressentiment qui pourrait faire penser à une expérience vécue, non ???

    • Bienvenue dans cet espace culturel! (trompettes, jingles, danses païennes)
      Hum, comment dire… mes déboires actuels présentent en effets certaines corrélations avec les évènements mentionnés par ici…

  2. comment mettre de l’humour et de la joie dans la galère du quotidien avec une plume aiguisée joliment taillée.que tes écrits soient nombreux et de la même veine.merci

  1. Pingback: Bad karma ou scoumoune? « Le blog du gecko (bleu)

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