Archives Mensuelles: décembre 2010
Décervelages de fin d’année
La photo du jour – The day’s picture -La imagen del dia (je commence à me mondialiser)
Moment palindromique de la semaine:
10001 à 606; comprenne qui peut.
Ah, j’ai trouvé ça aussi:
Voilà, le niveau d’intelligence du quidam moyen (vous et moi, mais surtout vous) est maintenant clairement en rapport avec son numéro de mobile.
Ca ne m’étonne que moyennement, cette tendance se dessine depuis quelques années déjà. Un peu comme l’hyperactivité de la gauche pour avoir du répondant constructif face à la droite.
Je pense par ailleurs qu’il est possible d’établir une corrélation entre son QI et son mobile. Quelque chose comme:
QI=f(phone.coût(phone)+nb heures (forfait)-(nb sms mensuels)).marque(phone).opérateur
Si (marque(phone) = i-phone), alors QI’ = QI/5.
Mais ceci n’est que considération toute personnelle; d’aucuns diront que je suis jalouse.
Si (opérateur=SFR), alors QI »=QI’-10000.
Allez, tchô les noctambules, je vous aime
Le plaisir camembert…
(Vu dans une pub télé. Le pitch: un couple, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont glamour; pour pimenter leur existence idyllique, il lui bande les yeux afin de lui faire découvrir une nouvelle sensualité… en l’occurence un morceau de camembert. Résonnent les cloches de la félicité. Slogan final: « XXX, le plaisir camembert »). Je ne m’étalerai pas ici sur le plaisir, la sensualité partagée et un camembert au milieu de tout ça.
.. hum, ça laisse rêveur, non? « le plaisir camembert »…. et pourquoi pas « la tendresse reblochon », « le glamour munster » ou « In bed with Livarot »? L’haleine fromagère et la commissure des lèvres légèrement ourlée de crème grasse, les miettes de pain délicatement soufflées au moindre mot, les doigts collants…
Décidemment les publicitaires regorgent de sources d’ébaubissement diverses et (a)variées qui ne lassent pas de me divertir.
C’est principalement vrai à la télé, mais comme mon impériale personne ne dispose pas de ce média indispensable et incontournable selon notre cher trésor public, elle reste le vecteur d’inventions mercantiles qui me laisse le plus favorablement impressionnée. Je m’en gave dès que j’en croise une et à chaque fois l’émerveillement me fige, l’index vengeur sur la télécommande … Quelle créativité, quelle poésie…
On imagine sans peine le brainstorming du lundi matin à l’agence de pub :
Intérieur, jour– 10h30 –
Une salle blanche équipée de chaises et tables design dans des tons gris métal et bleu nuit , une machine à Nespresso dans un coin, noire de préférence (mais gris métal irait aussi), un rectangle monochrome rouge sang parsemé d’empreintes de cigarettes écrasées, suspendu au mur (symbole puissant de l’interdiction de fumer même dans les locaux les plus créatifs). Une armada de jeunes gens aux cheveux trop longs gominés, aux moues dédaigneuses, aux franges pendouillant sur leurs yeux cernés (signe obligatoire de week-end chargé), portant pantalons noirs trop étroits et chemises blanches généreusement ouvertes sur leurs torses glabres malgré les -10°c extérieurs, souliers fins, i-phone en poche. Les filles sont minces, leurs cheveux sont lissés et leurs franges flirtent avec leurs « smoky-eyes », elles portent des jeans slim et des ballerines en plein de cœur de l’hiver ; elles semblent résister au froid et aux glissades intempestives ; rien dans leur attitude ne laisse imaginer qu’elles viennent d’affronter gel et tempête de neige. Même leurs paquets de cigarettes ont l’air branché…
«- Alors, que peut-on imaginer pour pousser la crétine de ménagère de 50 ans à se projeter dans un camembert ?
– Oh…. C’est simple, le glamour, le luxe, la sensualité…
– Oui, mais pour un camembert ?
– Imagine une seconde la banlieusarde coincée dans son pavillon de banlieue par la neige et les grèves de bus, elle traîne dans sa blouse en synthétique achetée à la Redoute, elle hésite à passer au ménage, rêvasse en écoutant Demorand sur Europe 1… n’importe quoi va la faire fantasmer, n’importe quel message un peu sirupeux réveillera son cœur de midinette et ses rêves d’adolescente… alors quoi de plus vibrant que l’appel du prince charmant, la musique légère et les yeux bandés pour le frisson ? Elle a déjà craqué pour les croquettes spéciales « chat castré », elle va fondre pour le « plaisir camembert »…
Personnellement je trouvais beaucoup plus drôle le
«- on se fait un p’tit caprice.. ?
– tous.. tous les deux ? »
de nos vertes années ; enfin… des miennes…
Mais comme, de toute façon, « ouvrir un coca-cola, c’est ouvrir du bonheur » (ceux qui ont pris le train me suivent)
Alors un coca, un camembert et à nous le nirvana médiatique… en ces temps de crise, ça fait de bonnes idées pour un réveillon pas trop onéreux…
Capillotractions suburbaines
De « capillo-tracté » soit « tiré par les cheveux »; la capillotraction est donc une néo-science qui consiste en l’analyse des phénomènes amenant à exagérer, détourner, tordre une situation; avec mauvaise foi, si possible.
Comme, par exemple, imaginer être vêtu d’une cape d’invisibilité et se comporter comme tel. On sait bien que ce n’est que dans les contes pour enfants que la cape d’invisibilité fonctionne. Pas dans la vraie vie.
Capillotraction quand l’état se met en position d’éducateur et qu’on se trouve assaillis de messages divers du type « manger 5 fruits et légumes par jour », « éviter de grignoter entre les repas », « marcher 30 mn par jour » (celle-ci assortie du détail de déplacements qui permettent de totaliser les 30mn…), « manger bouger »… aurait-on peur que des citoyens mal intentionnés intentent des procès pour ne pas avoir été avertis que l’absorption inconsidérée de barres chocolatées et de sodas rend gros et mous ?
La meilleure est assez récente, elle enjoint à « aérer son logement au moins 10mn par jour » ; nous vivons donc dans un monde d’assistés débiles et mal éduqués incapables de se prendre en charge. Quelle sera l’étape suivante ? Leur indiquer quoi voter ?
Autre message (télévisé celui là) récent : il existe une sorte d’aliments pour chats castrés… perplexe, je ne sais qu’en penser ; n’ayant pas de chat et pas de connaissances castrées (du moins physiquement), je ne m’étais jamais posé la question de l’alimentation à apporter aux eunuques. Mais c’est sans doute très scientifique.
Par association d‘idées, on pourrait imaginer des aliments spéciaux pour tout types de populations… les danseurs au QI d’huître, les sportifs en short dans la neige, les chauffeurs de bus (en général)…
En ces jours ou la neige devient le sujet principal de conversation entre parisiens (ça change du foot, des grèves ou des performances des miss France), certaines personnes se trouvent contraintes et forcées de rejoindre les foultitudes plébéiennes qui hantent les sous-sols parisiens. Ce fut mon cas ces derniers jours ou la neige a encombré de la manière la moins polie qui soit les voies d’accès à mes appartements. L’acquisition à vil prix du titre magique permettant la libre circulation sous-terraine m’a une nouvelle fois plongée dans l’exotisme étrange de cette vie si peu commune aux sur-terrains.
Je ne vais pas là me ré-étendre sur les étranges impressions ressenties, je l’avais déjà fait là :
https://geckobleu007.wordpress.com/2010/03/06/underground-de-banlieue/
https://geckobleu007.wordpress.com/2010/03/12/even61/
L’avantage majeur des déambulations suburbaines est qu’elles permettent d’entrer en contact avec son prochain (voir sa prochaine) et ainsi l’observer dans son élément naturel qui, je le rappelle, n’est pas le même que le mien. Quand 2 univers se croisent, il en résulte forcement des distorsions de l’espace-temps, des trous noirs, voir des courants contraires.
Par exemple, les sources d’informations : journaux gratuits laissés pour compte sur les banquettes sales. Aurait-on idée de laisser traîner ainsi des journaux radiophoniques, de les perdre dans les courants d’air des rames, des les regarder se souiller des miasmes ambiants ?
On découvre aussi des sources musicales inédites ; entre les baladeurs dont le son est poussé au maximum et les joueurs d’accordéons (qui survivent essentiellement sous terre manifestement), un vrai festival sonore est offert à tous.
Capillotractions donc, pour aujourd’hui.