Archives du 19 décembre 2010

Capillotractions suburbaines

De « capillo-tracté » soit « tiré par les cheveux »; la capillotraction est donc une néo-science qui consiste en l’analyse des phénomènes amenant à exagérer, détourner, tordre une situation; avec mauvaise foi, si possible.
Comme, par exemple, imaginer être vêtu d’une cape d’invisibilité et se comporter comme tel. On sait bien que ce n’est que dans les contes pour enfants que la cape d’invisibilité fonctionne. Pas dans la vraie vie.

Capillotraction quand l’état se met en position d’éducateur et qu’on se trouve assaillis de messages divers du type « manger 5 fruits et légumes par jour », « éviter de grignoter entre les repas », « marcher 30 mn par jour » (celle-ci assortie du détail de déplacements qui permettent de totaliser les 30mn…), « manger bouger »… aurait-on peur que des citoyens mal intentionnés intentent des procès pour ne pas avoir été avertis que l’absorption inconsidérée de barres chocolatées et de sodas rend gros et mous ?
La meilleure est assez récente, elle enjoint à « aérer son logement au moins 10mn par jour » ; nous vivons donc dans un monde d’assistés débiles et mal éduqués incapables de se prendre en charge. Quelle sera l’étape suivante ? Leur indiquer quoi voter ?

Autre message (télévisé celui là) récent : il existe une sorte d’aliments pour chats castrés… perplexe, je ne sais qu’en penser ; n’ayant pas de chat et pas de connaissances castrées (du moins physiquement), je ne m’étais jamais posé la question de l’alimentation à apporter aux eunuques. Mais c’est sans doute très scientifique.
Par association d‘idées, on pourrait imaginer des aliments spéciaux pour tout types de populations… les danseurs au QI d’huître, les sportifs en short dans la neige, les chauffeurs de bus (en général)…  

En ces jours ou la neige devient le sujet principal de conversation entre parisiens (ça change du foot, des grèves ou des performances des miss France), certaines personnes se trouvent contraintes et forcées de rejoindre les foultitudes plébéiennes qui hantent les sous-sols parisiens. Ce fut mon cas ces derniers jours ou la neige a encombré de la manière la moins polie qui soit les voies d’accès à mes appartements. L’acquisition à vil prix du titre magique permettant la libre circulation sous-terraine m’a une nouvelle fois plongée dans l’exotisme étrange de cette vie si peu commune aux sur-terrains.
Je ne vais pas là me ré-étendre sur les étranges impressions ressenties, je l’avais déjà fait là :

https://geckobleu007.wordpress.com/2010/03/06/underground-de-banlieue/

https://geckobleu007.wordpress.com/2010/03/12/even61/

L’avantage majeur des déambulations suburbaines est qu’elles permettent d’entrer en contact avec son prochain (voir sa prochaine) et ainsi l’observer dans son élément naturel qui, je le rappelle, n’est pas le même que le mien. Quand 2 univers se croisent, il en résulte forcement des distorsions de l’espace-temps, des trous noirs, voir des courants contraires.
Par exemple, les sources d’informations : journaux gratuits laissés pour compte sur les banquettes sales. Aurait-on idée de laisser traîner ainsi des journaux radiophoniques, de les perdre dans les courants d’air des rames, des les regarder se souiller des miasmes ambiants ?
On découvre aussi des sources musicales inédites ; entre les baladeurs dont le son est poussé au maximum et les joueurs d’accordéons (qui survivent essentiellement sous terre manifestement), un vrai festival sonore est offert à tous.

Capillotractions donc, pour aujourd’hui.