Archives Mensuelles: mars 2013
On va tous y repasser
France Inter – 11h-12h30, émission animée par un absent.
Je m’étais déjà posé la question à Noël, à savoir : comment peut-on imaginer faire un best-off après 4 mois d’émission ? Pour clarifier mon propos, une fois n’est pas coutume, je vais utiliser des données chiffrées : 4 mois d’émission = 80 émissions. 2 semaines de best-off= 10 émissions. C’est à supposer 12,5% de chaque émission est susceptible de faire l’objet d’une rediffusion. En plus de la possibilité de podcast.
Sur 80 mn (en ôtant 10mn d’infos et d’annonces), cela donne 10mn quotidiennes de topissime et culte. Ambitieux.
Et quand on arrive en Mars, et au best-off des vacances du même mois, si on part du principe qu’on ne va pas réutiliser le best-off de Noël (faut pas déconner), on a 45 émissions pour en produire 5. Le ratio devient 11%, soit 80mn*11%=8,8mn de top. Toujours très ambitieux. Sans compter que j’ai oublié d’en soustraire les 10 émissions animées par des quidams (voir là), ce qui fait que l’on arrive à 35 émissions pour 5, soit 14% de super-top, soit plus de 11 minutes par émission. (Parce que NON, dans les émissions des quidams, il n’y avait VRAIMENT pas de quoi alimenter un best-off)
Afin de s’ôter la pression d’un tel besoin de performance, pourquoi ne pas enregistrer quelques émissions à l’avance, histoire de donner un peu de neuf, ça a l’air de se faire… C’est à croire que la starification ouvre les portes de tous les possibles. Pour rigoler un peu, j’ai transposé ce rythme enviable à celui d’un employé lambda.
Imaginons ensemble, si vous le voulez bien :
Vous commencez un job (normalement, pas de vacances pendant les 12 premiers mois) mais vous ambitionnez aussi, en parallèle, de mener une carrière artistique (au hasard : chanter). Faites comme Frédéric Lopez, ça vous simplifiera la vie.
– Pour privilégier votre capacité à remplir le Zénith ou l’Olympia, offrez-vous de temps en temps une semaine de break ; afin que votre carrière de comptable n’en pâtisse pas, pendant la durée de cette semaines faites des rediffusions de vos meilleurs compte-rendus de réunion et envoyez toutes les 45mn à vos collaborateurs un mail sélectionné parmi vos mails les mieux tournés. Prenez la précaution de faire des petites vidéos de vous à la machine à café et diffusez-les auprès de vos collègues de pause.
– Quand le travail est trop intense et que vous voulez prendre des vacances, ne soyez pas confus: partez du principe que votre job est tellement fun que tout le monde se battra pour vous remplacer. Afin de ne pas, néanmoins, courir le risque de laisser votre siège encore chaud à un individu meilleur que vous, arrangez-vous pour que chaque jour un nouvel impétrant fasse l’essai et sélectionnez-les de façon à ce que, quoi qu’il arrive, ils ne laisse pas de souvenir mémorable de leur passage…
Afin que la supercherie soit parfaitement transparente et acceptée, faites votre promotion interne : rendez-vous populaire en déclenchant l’hystérie de vos collègue à chacune de vos apparitions en réunion ou à la cantine. Si vous avez la chance d’avoir une assistante, chargez-la de faire votre campagne de pub et de gérer votre cote de popularité. Ainsi vous deviendrez incontournable et serez excusé, voir même pas jalousé, d’avoir tous ces privilèges.
Vous pouvez aussi entourer tous les envois de mails, de documents, de photocopies d’un chouette teaser qui donnera l’impression du neuf: « et aujourd’hui, un petit rappel sur la réunion du 12 », « On a tellement ri au dernier comité de direction, reprenons ensemble nos notes et rions encore », « ce mail vous a plu? Faites-vous plaisir, recevez-le encore, en mieux: le voila sans fautes d’orthographe »…etc, etc…
A force d’entendre vos louanges chantées sur tous les tons et à tous les coins de couloirs, tout le monde finira par vous aduler. Avec un peu de chance, vous pouvez déjà commencer à vendre les CD des concerts que vous ferez dans 15 ans si vous prenez le temps d’apprendre le solfège.
Voilà, tout est si simple quand on a les bons réflexes…
RLSH, la vie comix prend forme
Quand la légende urbaine devient réalité…
Les super-héros dans la vraie vie sont là http://www.youtube.com/watch?v=bO31unQNewU
et aussi là http://www.youtube.com/watch?feature=fvwp&v=CJGU9tHLqHs&NR=1
Comme ils sont aussi humains, ils ont leur page FB, là: http://www.youtube.com/watch?v=7qEmmo4yJd4
Ils opèrent donc à découvert et parfaitement librement. L’humanité entière peut suivre leurs exploits. Moi qui pensais que l’apanage du super-héro était sa capacité à agir dans l’ombre…
A l’époque de sa sortie, j’avais plutôt bien aimé Kick Ass’ et l’idée d’un super-héro autoproclamé (avouez que les similitudes avec les personnages qui ne sont pas dans un film, mais dans votre vraie vie, sont frappantes… on peut limite faire le jeu des 7 erreurs…), dépourvu de pouvoirs et pleutre de base, mais animé d’une profonde envie de faire le bien. De là à le faire pour de vrai… Est-ce l’attrait des costumes, l’envie de baguenauder dans la capitale armé, l’idée de frayer avec une certaine dangerosité ? Ces personnes ont franchi le cap et parées de leur belle conviction de faire le bien se sont mises à agir en marge des organisations officielles (à savoir la maréchaussée et les associations d’aide).
Pourquoi pas, si déambuler en collant noir, en slip rouge sur un jogging ou avec des protections de football américain rend plus efficace l’intervention. Sans doute les agresseurs se sentent-ils impressionnés par un costume sombre et un masque et préfèrent-ils battre prudemment en retraite. Sans doute, la première fois.
Et pourquoi ne pas, à visage découvert, joindre ceux qui sont organisés en structure pour lutter à grande échelle contre la pauvreté ?
Comme ici http://crise.blog.lemonde.fr/2012/12/05/aide-aux-sdf-laction-spontanee-des-benevoles/ .
C’est moins rigolo que de distribuer des sandwiches habillé en Batman, sans doute. Mais l’objectif est-il de se faire plaisir ou d’apporter une vraie aide? La frontière semble floue et mouvante.
Loin de moi l’idée de leur jeter la pierre, l’ensemble part d’un bon sentiment ; mais on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée de croiser, dans quelques semaines, des hordes de gens déguisés en freaks, des geeks frustrés arborant masques et lunettes noires, des maigrichons enhardis par leur supériorité numérique et l’effet de buzz. Est-ce bien sérieux? Et sont-ils au moins conscients des réels risques qu’ils prennent? Si encore ils étaient discrets…
Mais c’est maintenant officiel, il existe des camps d’entraînement pour le citoyen ordinaire dont l’ultime fantasme est de devenir défenseur de l’ordre public.
Risquons ici quelques questions: qui décide du recrutement, qui établit les programmes d’apprentissage; plus prosaïquement, qui est responsable ? Et y a-t-il un code d’honneur à respecter, une police interne ? Les dérives peuvent être rapides et l’humain tellement incontrôlable… Si demain je fonce acheter un collant vert, des protections de roller et un masque de Casimir, vais-je pouvoir sortir dans Paris et taper tranquillement sur des personnes dont j’estime qu’elles ont un comportement agressif? Et les gens vont-ils se mettre à me serrer la main et se faire photographier à côté de moi ? C’est une idée… Et en plus je vais pouvoir faire ma propre loi!
Enfin, comment faire la différence entre ceux qui vous veulent du bien et ceux qui vont vous assommer pour vous piquer votre i-phone12 ? Parce que les super-méchants, ça existe aussi (même si, pour l’instant, ils n’éprouvent pas le besoin de porter des collants de couleur) et ils ne se contenteront pas de gaz lacrymo ou de boule de fil pour se défendre. Alors quoi ? Mettre en place des codes visuels: les gentils en bleu, les méchants en rouge ?
Et si les flics débarquent dans une super-rixe, comment vont-ils savoir qui boucler et qui congratuler ? Récupérer tout ce petit monde vêtu de noir et faire le tri au poste… hum… pas sûre qu’ils trouvent ça à leur goût, ils ont déjà pas mal de trucs à faire…
Pour finir sur une note bucolique, ma version préférée des dérives superhéroïques va sans conteste à la série « no heroics », dont vous trouverez la bande-annonce ici: http://www.youtube.com/watch?v=7qEmmo4yJd4.
Sans vouloir paraître offensante, je pense, hélas, qu’en plus d’être drôle, c’est assez représentatif des comportements induits par la sensation de surpuissance, quelle qu’elle soit…
Transports en commun
La neige est l’ennemi du scooter ; c’est beau la neige, mais pas en deux roues.
Là, évidemment, ça ne semble plus d’actualité ; mais si vous regardez une semaine en arrière, vous verrez la neige molle, la bouillasse sur les trottoirs, les pieds maculés de couleurs moches, les bas de pantalon en berne et … le métro obligatoire pour les motards. Dans le métro, les désagréments sont nombreux, mais déjà décrits ici: https://geckobleu007.com/2010/03/06/underground-de-banlieue/
C’était il y a trois ans et hélas rien n’a changé…
En plus de tout ça, vu la concentration humaine dans les territoires souterrains, la concentration microbienne est accrue. Et le joyeux pilote de deux-roues, qui vit à l’air libre et le sourire aux lèvres 365 jours par an se trouve être totalement sans défenses et démuni face aux attaques de ces traîtreuses formes de vie. En bref : il choppe la crève. Merci la RATP.
Le motard malade et migraineux qui de surcroît doit prendre le train va, pour sa plus grande joie, se heurter à un autre phénomène joyeux : il va entrer en contact avec les visiteurs du salon de l’agriculture. Pas de bol. Pas de bol parce que le trajet commun dure 4h. Et que le groupe de joyeux agriculteurs (12 personnes tous sexes confondus –hommes, femmes, indéterminé -) est particulièrement joice de retrouver sa campagne et tient absolument à faire participer tout le wagon à sa joie. Joie arrosée de multiples packs de bière, ponctuée de blagues débiles proférées à haute et intelligible voix.
Le phénomène du groupe a ici pris toute sa dimension : sûrs de leur suprématie, nos agriculteurs ont rapidement pris le contrôle du wagon, se sont mis à chanter puis à bien rigoler en expliquant à tous les passagers que de toute façon, ils n’auraient d’autre choix que de les supporter jusqu’au bout. Mais qu’ils accepteraient de partager leurs bières. Trop cool. Les gens (normaux) ont commencé à couiner, mais la moindre réflexion générait un concert de rires gras et de considérations stupides sur les différences entre les gens des villes et des gens des campagnes. Nous avons donc appris que les citadins sont des idiots coincés et qui ne savent pas vivre et que les agriculteurs sont heureux de l’être et de le faire savoir. Nous avons aussi eu droit, par le menu, au détail de leurs achats. Principalement du saucisson, mais répété tant de fois que j’ai cru qu’ils avaient découvert de nouvelles façons d’accommoder le cochon.
Seule une vieille dame a osé faire partager sa fureur, (bravo madame et merci), mais elle a perdu de l’énergie et du temps pour rien. 12 agriculteurs en joie sont aussi intenables qu’un groupe de supporter de foot. Avant que le wagon ne se transforme en ring et que les passagers ne s’écharpent pour de vrai (soit 35mn après le départ du train), les contrôleurs ont enrayé la rixe en proposant aux joyeux agriculteurs de s’installer « au salon », où ils pourraient faire –je cite – « tout ce qu’ils voudraient ») « Partouze ! » ont clamé les douze (parce que maintenant je m’exprime en rimes). Tellement fin, tellement inattendu qu’on se pince pour être sûr d’avoir bien ouï… Les 12 sont partis en riant et buvant des bières vers un endroit « privilégié et tranquille ».
Deux conclusions à tirer de ce menu évènement :
1- Pour bénéficier de privilèges, il faut être grossier, être ivre, parler fort ou se montrer menaçant. Et de préférence en groupe. Je me demande si cette règle s’applique aussi aux « grands de ce monde ».
2- En nous quittant avec force commentaires triviaux, les 12 paysans ont tout de même pris soin de bien emporter toutes leurs affaires, avec un « hahahaha… on n’est pas idiots, hein… », qui laissait entendre que les autres passagers, hystériques et mesquins, allaient se jeter sur les valises et les manteaux pour les saccager. Donc, ils avaient bien conscience de passer les bornes. Mais rendus aveugles par le nombre, ils n’en n’avaient rien à faire. Je me demande derechef si cette règle s’applique aussi aux « grands de ce monde »…