Transports en commun
La neige est l’ennemi du scooter ; c’est beau la neige, mais pas en deux roues.
Là, évidemment, ça ne semble plus d’actualité ; mais si vous regardez une semaine en arrière, vous verrez la neige molle, la bouillasse sur les trottoirs, les pieds maculés de couleurs moches, les bas de pantalon en berne et … le métro obligatoire pour les motards. Dans le métro, les désagréments sont nombreux, mais déjà décrits ici: https://geckobleu007.com/2010/03/06/underground-de-banlieue/
C’était il y a trois ans et hélas rien n’a changé…
En plus de tout ça, vu la concentration humaine dans les territoires souterrains, la concentration microbienne est accrue. Et le joyeux pilote de deux-roues, qui vit à l’air libre et le sourire aux lèvres 365 jours par an se trouve être totalement sans défenses et démuni face aux attaques de ces traîtreuses formes de vie. En bref : il choppe la crève. Merci la RATP.
Le motard malade et migraineux qui de surcroît doit prendre le train va, pour sa plus grande joie, se heurter à un autre phénomène joyeux : il va entrer en contact avec les visiteurs du salon de l’agriculture. Pas de bol. Pas de bol parce que le trajet commun dure 4h. Et que le groupe de joyeux agriculteurs (12 personnes tous sexes confondus –hommes, femmes, indéterminé -) est particulièrement joice de retrouver sa campagne et tient absolument à faire participer tout le wagon à sa joie. Joie arrosée de multiples packs de bière, ponctuée de blagues débiles proférées à haute et intelligible voix.
Le phénomène du groupe a ici pris toute sa dimension : sûrs de leur suprématie, nos agriculteurs ont rapidement pris le contrôle du wagon, se sont mis à chanter puis à bien rigoler en expliquant à tous les passagers que de toute façon, ils n’auraient d’autre choix que de les supporter jusqu’au bout. Mais qu’ils accepteraient de partager leurs bières. Trop cool. Les gens (normaux) ont commencé à couiner, mais la moindre réflexion générait un concert de rires gras et de considérations stupides sur les différences entre les gens des villes et des gens des campagnes. Nous avons donc appris que les citadins sont des idiots coincés et qui ne savent pas vivre et que les agriculteurs sont heureux de l’être et de le faire savoir. Nous avons aussi eu droit, par le menu, au détail de leurs achats. Principalement du saucisson, mais répété tant de fois que j’ai cru qu’ils avaient découvert de nouvelles façons d’accommoder le cochon.
Seule une vieille dame a osé faire partager sa fureur, (bravo madame et merci), mais elle a perdu de l’énergie et du temps pour rien. 12 agriculteurs en joie sont aussi intenables qu’un groupe de supporter de foot. Avant que le wagon ne se transforme en ring et que les passagers ne s’écharpent pour de vrai (soit 35mn après le départ du train), les contrôleurs ont enrayé la rixe en proposant aux joyeux agriculteurs de s’installer « au salon », où ils pourraient faire –je cite – « tout ce qu’ils voudraient ») « Partouze ! » ont clamé les douze (parce que maintenant je m’exprime en rimes). Tellement fin, tellement inattendu qu’on se pince pour être sûr d’avoir bien ouï… Les 12 sont partis en riant et buvant des bières vers un endroit « privilégié et tranquille ».
Deux conclusions à tirer de ce menu évènement :
1- Pour bénéficier de privilèges, il faut être grossier, être ivre, parler fort ou se montrer menaçant. Et de préférence en groupe. Je me demande si cette règle s’applique aussi aux « grands de ce monde ».
2- En nous quittant avec force commentaires triviaux, les 12 paysans ont tout de même pris soin de bien emporter toutes leurs affaires, avec un « hahahaha… on n’est pas idiots, hein… », qui laissait entendre que les autres passagers, hystériques et mesquins, allaient se jeter sur les valises et les manteaux pour les saccager. Donc, ils avaient bien conscience de passer les bornes. Mais rendus aveugles par le nombre, ils n’en n’avaient rien à faire. Je me demande derechef si cette règle s’applique aussi aux « grands de ce monde »…
Publié le 4 mars 2013, dans La fée pétasse, et tagué métro, salon de l'agriculture. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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