Dur de Renier sur un mythe…
Ceux qui me connaissent et ceux qui me lisent assidument (voir ceux qui me connaissent ET me lisent) savent ma fascination sans limite pour les vestes à paillettes, les bottes à talon pour les hommes, les boules à facette, les mini-jupes et les bottes à plateforme en vinyle orange pour les femmes, en bref, le disco.
Oui, j’assume parfaitement, je suis en transe quand j’entends le Bee-Gees ou Boney-M, mon corps de trémousse de lui-même à la simple évocation de Patrick Juvet (le summum en matière de veste à paillettes et j’ai eu longtemps la même coupe de cheveux. Mais c’était dans les années 70…) et… et … ouiiiiiii je suis capable de lever les bras au ciel et de les agiter en cadence sur « Alexandrie Alexandra » (ce soir j’ai de la fièvre et toi tu meurs de froid).
Donc, ce ne sera pas une révélation, je me suis précipitée dans les salles obscures (j’aime assez l’expression, mais pour dire la vérité vraie, je ne me suis précipité que dans une salle) pour aller voir la dernier biopic (attention, mot très tendance) sur Claude François.
Que ce soit clair entre nous : Gamine, j’adooooooorais le voir à la télé, j’étais absolument fascinée par la Clodettes, je bavais sur les minishorts argentés et les franges de 50 cm qui bordaient leur décolletés et je connaissais les paroles de ses chansons par cœur (d’ailleurs tout ça est toujours rigoureusement vrai. Je suis un peu revenue des minishorts –à cause de la couleur argent-, mais pour le reste, si).
L’artiste me faisait rêver.
Sa vie m’indifférait totalement.
Découvrir dans le film tous ses défauts, travers, ses obsessions et névroses, son comportement avec ses proches ne m’a fait ni chaud ni froid. Au contraire, l’aspect documentaire est plutôt intéressant. Je ne vais donc pas hurler et pleurer sur l’effondrement d’un mythe.
En revanche… comment dire… ce qui m’a choquée, c’est le traitement.
C’est filmé en séquences qui s’enchaînent comme autant de chapitres incontournables : ici, le père de Claude est obsessionnel: Méchant ! Ici Claude François décide de percer dans la musique. Il perce dans la musique. Ici Claude François a décidé de se marier. Il se marie. Là, Claude François a décidé de faire un disque. Ô surprise, Claude François fait un disque. Claude François est jaloux. Claude François divorce. Claude François devient odieux avec les femmes. Claude François maltraite ses collaborateurs. Claude François se dévoue à son public. Etc etc etc… on aligne les saynètes, les détails, les faits. Mais jamais le personnage ne prend vie. Comme si le comédien était tellement écrasé par le mythe qu’il ne pouvait être le personnage.
Il est certain que J Renier s’est beaucoup investi dans le rôle. Mais pas une seule fois, pas une seule scène, il n’est Claude François. On le voit, tout au long du film, faire des efforts désespérés pour entrer dans son personnage ; à grand renfort d’yeux écarquillés, de sourires niais, de mimiques extatiques, il essaye de nous faire croire à la félicité d’être un artiste reconnu et adulé. Il se donne à fond, mais frôle si souvent la caricature que c’en devient presque gênant. Pour le spectateur. La scène dans laquelle il tourne un visage au épanoui au soleil est presque plus drôle que celle dans laquelle Michel Serrault bronze avec un tour de cou en papier alu, dans la cage aux folles. Sauf que là, le but n’était pas de faire rire.
Au cours des chorégraphies, sans doute extrêmement difficiles à jouer (se sont des copies conformes des shows de l’époque), on croit lire dans le regard vide du comédien « mais que diable allais-je faire dans cette galère ? »…
Et qu’on nous explique pourquoi avoir donné à Claude François cette insupportable voix de canard grippé aviaire… dès qu’il ouvre la bouche on regrette qu’il n’ait pas joué dans « the artist » (oui, je sais, facile, désolée)… et ce nez au début… c’était obligatoire de le transformer en monsieur patate ? ça rend chaque gros plan encore plus pathétique…
Hélas, il n’est pas le seul à produire cette impression : Benoît Magimel a été affublé de cet accent caractéristique du sentier qui lui donne l’air de s’être trompé de film et de vouloir de force participer à « la vérité si je mens 12 »… même au moment le plus dramatique, on n’a qu’une envie : éclater de rire…
Certaines scènes sont tellement mal réglées que les comédiens réagissent avant la réplique… regardez bien (si vous y allez malgré ce com’ lapidaire) la scène au cours de laquelle Josette apprend à sa mère que Claude a eu un accident. Vous verrez la mère réagir avant la fin de la phrase de la fille comme si elle avait compté les secondes entre l’entrée de cette dernière et le moment de s’exprimer…
Pour en finir avec ce florilège, les perruques sont discernables dans presque toutes les scènes, le pompon allant à la perruque du fils de cadet de Claude, Marc, dont les cheveux tiennent raides et soulevés dans un angle étrange, comme si une coiffeuse possédée avait en marabouté les racines… (scène ou le petit est enfermé dans le grenier).
En bref… 2h28 qui s’éternisent et une impression assez désagréable de gâchis. Dommage… Benoit Poelvoorde dans « Podium » était tellement meilleur… sans doute parce qu’il prenait du plaisir à jouer…
Allez Claude, moi j’taime toujours et en tribute je vais exécuter une petite choré dans le salon…
http://www.youtube.com/watch?v=x_w-ymcZdkw
Publié le 17 mars 2012, dans La fée pétasse, et tagué benoit poelvoerde, claude françois, Cloclo, dico, Patrick Juvet. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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