Ma nuit burlesque

 

Public-chéri-mon-amour (et je ne répéterai jamais assez à quel point j’eusse aimé être à l’origine de cette appellation…) je n’ai pas coutume de m’étaler sur ma vraie vie. Mais ce coup-ci, je vais m’immoler sur l’autel de l’égotisme, spécialement pour toi. Donc, parler de moi … Enfin, plutôt d’une récente expérience à laquelle j’ai participé…
Dans ma recherche effrénée d’expériences diverses, j’avais postulé à une annonce trouvée sur le site internet d’Arte ; il s’agissait de participer à la création live de la suite du film « Tournée » de Mathieu Amalric. Pour les puristes : participer à un Larp (Live Action Role Playing) qui serait filmé (en vue d’une diffusion, s’entend). Et ma candidature a été acceptée. (Ca fait plaisir, parfois, qu’une candidature soit acceptée…)

Pour ceux qui n’ont pas vu le film, « Tournée » raconte les tribulations d’une troupe américaine de cabaret new burlesque dans une série de villes portuaires françaises.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le new-burlesque, petite citation wikipedia : « performances scéniques réalisées par des danseuses ou danseurs légèrement vêtus ou pratiquant le striptease »

Les échanges de mails concernant l’organisation m’ont mise à la tête d’une fiche personnage, d’un descriptif de la soirée à venir et d’un trombinoscope. L’expérience allait de dérouler de nuit (premier obstacle me concernant, surtout une nuit de pleine lune…). Dans le jeu, une audition était prévue. Soit: potentiellement, parmi les participants se trouveraient des performeurs « légèrement vêtus ou pratiquant le striptease ». Sur le coup, honnêtement, j’ai failli décliner (j’ai un grand sens du ridicule, surtout du mien), mais deux choses m’ont convaincue d’y aller : la fascination exercée par les shows extravagants et l’envie de participer à une expérience nouvelle. Et comme il n’était pas obligatoire de participer à l’audition… j’ai mémorisé les suggestions d’interactions avec certains personnages, essayé de repérer sur le trombinoscope ceux auxquels j’aurai à faire, fait deux ou trois tentatives de chant qui m’ont définitivement découragée de participer à l’audition, enfourché mon fidèle destrier et suis partie dans la nuit noire, en hurlant à la lune. Ca fait toujours son petit effet sur le périph’.

Donc me voilà sur place, le cœur dans la gorge et très moyennement sûre de moi. Le lieu est tout préparé pour l’évènement : un espace en-cas, une espace « loges » et la grande salle dans laquelle la majorité de l’improvisation se déroulera. Pas de décors (juste de quoi s’asseoir), un caméraman, une équipe technique.
Premier constat : l’ambiance est détendue, sympathique et ludique. Les organisateurs sont accueillants et ouverts, les pizzas sont chaudes. Ca fait sérieux.
Personne ne connaît la vraie identité des participants.L’atmosphère est rigolote, entre tenues de show, maquillage, derniers préparatifs et récapitulatif des rôles (salut, t’es qui, toi?). Petit tour de piste : les personnages sont remarquablement incarnés. Nous avons parmi nous un groupe de performeuses aux looks très pro, des patrons de salle, de cabaret, producteurs totalement crédibles, un commandant de bord (identifiable à son costume), une hôtesse de l’air (même remarque) et une kyrielle de personnages divers moins typés par leurs tenues (je me case dans cette catégorie) ; quelques rôles masculins sont tenus par des femmes, mais –me concernant- ça n’a fait aucune différence.

Après le brief et quelques exercices, la soirée débute par la projection du film, ce qui met l’ensemble des joueurs en condition pour la suite. Vers 23h30, le jeu commence. C’est-à-dire : on n’est plus soi. Et on improvise.
Chacun fait sa vie, en suivant plus ou moins les suggestions figurant sur les fiches personnages. Tout le monde semble être entré dans le jeu et les situations se créent petit à petit. 
Comme nous étions assez nombreux, il est difficile de raconter l’histoire qui a été montée dans sa globalité. Une intrigue principale tout à fait dans la lignée du film et manifestement des tas d’intrigues parallèles, dont quelques meurtres, trahisons, révélations fracassantes, tentatives de drague et sans doute des tas de choses dont je n’ai eu vent : présence d’extra-terrestres, élection d’un président de gauche, retour sur scène de Patrick Juvet, entrée dans les ordres de DSK, ouverture d’une brèche spacio-temporelle pour permettre à Marc Levy d’apprendre à écrire… mais je m’égare…
Le clou de la soirée a été sans conteste les shows burlesques présentés lors des auditions. Honnêtement ? J’ai été bluffée… il y a eu des performances pro (très pro) et des performances amateurs totalement impressionnantes. C’est-à-dire préparées, travaillées, étudiées… comme ça, juste pour le jeu ! Du vrai fun, de longs gants noirs, des paillettes, des guêpières, des tas de choses qui brillent, des bottes extravagantes et des plumes d’autruche… un vrai mirage si près du périphérique…
C’est là que j’ai eu une révélation : il est extrêmement difficile de se mesurer à des femmes à moitié dévêtues.
Oui, énoncé comme ça, ça a sans doute l’air évident… Mais j’ai sincèrement eu l’impression que la moindre tentative de numéro habillé (autre que chanté ou dansé)  aurait été … un peu comme un cheveu sur la soupe, une fille en tenue de ski au milieu de plagistes en bikini, un comédien parmi les hommes politiques (c’est à dire incongru)… ou alors il fallait être vraiment très bonne… ou sous l’emprise de substances diverses et non avariées…

Comme c’était une soirée placée sous le signe de la découverte, j’ai d’autres révélations fracassantes à vous faire :
–          Les gnistes sont parmi nous (oui, parmi vous aussi) ; ce ne sont ni des aliens, ni des androïdes espions, mais des gens étranges aux actes régis par des lois qui leurs sont propres. Ils ont l’air d’avoir de multiples talents et s’emploient à convertir les non-gnistes. Mais je n’ai pas eu l’impression que ce soit une secte ou une religion… Donc s’ils vous approchent, vous pouvez leur parler aimablement (les gnistes sont les participants aux jeux de rôles Grandeur Nature),
–          Les commandants de bord rament (ils sont pagaies),
–          Les informaticiens sont les mêmes dans la vie et dans les personnages de jeux de rôle… ce sont des gnistes qui s’ignorent. Je propose qu’ils soient déclarés « race à part » ; comme de toute façon ils ont un langage à eux…,
–          Les niples devraient être remboursés par la sécurité sociale, vu leur effet requinquant,

L’impro géante a duré près de 4 heures. Et oui, on tient parfaitement sur la durée… d’ailleurs après le signal de fin, c’est un peu difficile de trouver quoi dire… après tout, on débarque pour de bon à ce moment là….

Un grand merci aux organisateurs, aux participants, à tous ceux qui ont apporté leur contribution à cette expérience bluffante, inattendue et pleine de surprises. Et encore bravo pour tous les shows…

Publié le 1 novembre 2012, dans Extrapolations, et tagué , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 10 Commentaires.

  1. Wow! Ca avait l’air trop bien ! Ca fait envie ! Pff, pourquoi je suis jamais au courant de rien, moi ?

  2. Super retour. Merci à toi. 🙂
    Pascal (aka Michel le patron de cabaret).

  3. Bravo pour cette critique qui complète admirablement celle que vient de rédiger Pascal porte Electro-GN. J’espère que cette expérience aura suscité l’envie de tester d’autres formes de GN !
    Jean-Luc aka Antoine, le commandant de bord imbuvable 🙂

  4. merci encore !!!,je commente sur fb et mon site .
    Je sens que je vais prendre des actions à la sncf …….
    , je souhaite en faire encore !!! « new addict gnwoman »

  1. Pingback: Burlesque , poil | Cinematraque

  2. Pingback: Critique de GN – Le LARP tournée d’ARTE | Electro GN

  3. Pingback: Frous-Frous et vélo, le double choc de ce week-end | Le blog du gecko (bleu)

Parlez après le bip...