Archives Mensuelles: mai 2016

Une hirondelle a fait le printemps

#hirondelle #tattoo #oldschool #tatouage

– Tiens c’est marrant, j’aurais juré qu’elle était à gauche…
Louison louchait sur l’épaule de Marie, qui venait de se retourner pour essayer une robe
– Ouaip t’as raison, moi aussi ça me fait ça. Ca me fait ça avec plein de gens d’ailleurs…
– Méééé non ! Je te parle de ton hirondelle!
– Mon hirondelle ? oui, elle est à gauche…
Machinalement, Marie jeta un œil dans le miroir. Elle portait ce petit tatouage depuis si longtemps qu’elle ne le voyait plus… Mais là, dans la cabine d’essayage, le jeu des deux miroirs lui renvoyait une image parfaitement uniforme de son dos. Elle toucha son épaule, repoussa la masse sombre de ses cheveux. Non, l’hirondelle n’y était plus…
– Attends, c’est pas possible…
Marie avait beau scruter son reflet, il ne lui offrait pas l’ombre d’une aile. Louison, qui n’avait pas renoncé, faisait se retourner son amie.
– Ahhhh… la voilà ! je ne sais pas comment tu as fait, mais c’est très réussi, aucune trace de l’ancienne…
L’oiseau bleu sortait sa petite tête du jean de Marie tout pile entre un grain de beauté et le nombril. Marie regarda son ventre, stupéfaite. Non, elle n’avait rien fait. Ce n’était simplement pas possible. Pas possible, mais néanmoins incontestable : l’hirondelle s’était déplacée…

Deux jours après, Marie avait cessé de s’interroger. L’hirondelle se déplaçait sur son corps en toute liberté. Elle avait orné le bas de son dos, était remontée sur son cou, avait caressé un sein et semblait s’être stabilisée sur l’avant-bras droit. Tant qu’elle ne s’installait pas sur son visage, Marie avait décidé de laisser faire.

Quelques semaines avaient passé et trouver où l’hirondelle avait élu domicile était devenu un jeu, quand un matin, à la recherche de son oiseau, Marie avait dû se rendre à l’évidence : son corps était exempt de l’encre bleue. Attristée, elle prit l’habitude de déposer quelques graines dans son nombril pour dormir et se mit à attendre.

C’est à peu près à cette époque que les herbes folles, les arbres et les fleurs ont commencé à pousser. Par ses pieds d’abord, puis le long de ses bras et dans son dos. De très beaux dessins, tous à l’encre noire, se sont développés sur elle. Marie s’était mise à ressembler à une clairière, mais elle ne s’en inquiétait pas; quand elle marchait dans les rues, portée par la nature qui la recouvrait, elle se sentait légère et heureuse. Au début, elle cachait les motifs qui ornaient son corps, puis elle décida de les montrer fièrement, les soulignant en arborant des boucles d’oreille en forme d’oiseaux et en décorant ses cheveux de fleurs fraîches.

Un soir, elle avait repéré dans l’un des arbres de son dos qu’un nid se formait. Elle était sûre que son hirondelle allait revenir. Pour lui faire plaisir, elle s’était acheté un collier de fleurettes en pierres multicolores et avait commencé à faire de longues balades dans les bois. Elle avait hâte de retrouver son oiseau.

*

– Maman ! On va se promener ?
– Oui mon chéri, prend ton vélo, mets un chapeau et on y va. Tu veux passer par où ?
– Par le parc, comme ça on s’achète une glace avant d’arriver au bois !

*

Dans le nid, trois œufs à la coquille bleutée avaient fait leur apparition. Marie était radieuse : Elle allait avoir une famille ! L’hirondelle était passée dans son cou et lui avait fait l’honneur d’un détour par ses hanches avant de se mettre à couver. Marie s’était mise à manger sainement et forçait un peu sur les graines. Elle voulait absolument faire bonne impression aux oisillons qui ne tarderaient pas.

Un matin, pressentant l’éclosion et désireuse d’offrir aux petits une belle première image de la vie, elle avait décidé de passer sa journée dans les bois. Son joli collier autour du cou, quelques fleurs piquées dans ses cheveux, elle avait préparé des sandwiches, du citron pressé et des fruits et était partie se promener. Pour fêter l’évènement, elle avait mis ses sandales bleues, de la couleur exacte de son hirondelle.

*

– Oh regarde maman ! des petits bouts d’œufs !
– Ce sont des morceaux de coquilles, mon chéri, il doit y avoir de tout petits oiseaux pas très loin. Si tu ne bouges pas et regardes bien autour de toi, avec un peu de chance tu pourras les apercevoir.
Au pied de l’arbre, il y avait un petit panier de pique-nique et des sandales bleues. L’enfant s’assit sagement à côté, son cornet de glace à la main et commença à scruter les branches les plus proches de lui. Il entendit un léger pépiement et plissa les yeux pour mieux se concentrer.
– Là ! Je les vois !
Trois minuscules hirondelles recouvertes de duvet sortaient leurs têtes hirsutes d’un nid. Impressionné par sa découverte, le gamin retint son souffle. La fragilité des petits êtres qui réclamaient leur pitance à grands cris le fascinait. Décidant de partager sa glace avec eux, il se lèva avec mille précautions et approcha doucement du nid. Un éclair sur le tronc de l’arbre attira son attention.
– Maman ! Viens voir ! Le tronc… il porte un collier…
Le garçonnet pointait son petit doigt maculé de glace vers l’arbre. Un joli collier composé de multiples fleurettes de pierres de couleur était incrusté dans le tronc.

#arbre #tattoo #tatouage

 

 

Stabat Mater Furiosa, de JP Siméon, au Théâtre « le Magasin » à Malakoff, les 2-3-4 Juin 2016

Evidemment, lecteur-chéri-mon-gros-lapin, tu n’hésites pas une seconde: tu fonces sur billetReduc pour prendre ta place! C’est ici, juste là, que tu poses ta souris…. et que tu cliques

 

Le Magasin

Le magasin

Mirror mirror on the wall who is the fairest one of all…

Lecteur-Chéri-Mon-Gros-Lapin, tu n’es pas sans savoir que les mythes, contes et légendes prennent leurs racines dans l’histoire de l’humanité. Envisageons 5 secondes, par un habile jeu de miroirs, qu’ils peuvent aussi ETRE les racines de l’humanité. Parce que, par exemple, l’homme n’apprend pas de ses erreurs. La femme non plus, d’ailleurs. Ou parce que l’histoire est un éternel recommencement (ce qui est une façon subtile d’énoncer la même chose). Et que donc, les contes, légendes et mythes pourraient être considérés comme des oracles.
Dans Blanche-Neige, le personnage de la Reine (qui est à mon sens une version brute de Dorian Gray) scrute dans son miroir la moindre trace de flétrissure et s’arrange pour supprimer la source de toute concurrence à sa beauté. (On parle là, bien sûr, de beauté extérieure, et non de la sacro-sainte beauté intérieure qui n’est pas liée à la taille de ton pantalon.)
Si on remonte plus loin dans le temps, Narcisse, amoureux de son reflet, finit par en mourir.
Ces deux personnages portent au pinacle le culte de l’apparence. L’amour du moi. Le nombrilisme aigu. L’auto-égo-love.
Nul doute que si Narcisse avait eu une perche à selfie, il aurait été le champion d’Instagram.
Ah… t’entends-je t’esbaudir, nous y sommes… oui, c’est là que je voulais me rendre, Lecteur-Chéri-Ma-Loute, au culte du « Soi » soigneusement entretenu par internet.
Mais continuons notre parallèle.
Imaginons un moment que nos téléphones, en cela aidés par le Big-Data et les progrès colossaux de l’intelligence artificielle, se mettent à agir comme autant de miroirs de la Reine, qu’ils absorbent notre raison, nous poussant ainsi à ne cultiver que notre apparence, un visage parfait comme rempart à toute la vilénie dont nous sommes capables.
En clair : Le téléphone absorbe ta part mauvaise et met en exergue ta part belle.
L’idée : Tu te prends en photo et immédiatement ton téléphone te montre comment ton visage va changer. Vu le nombre d’infos balancées en temps réel sur le net, il n’est pas très compliqué de savoir où tu es, avec qui, ce que tu fais, ce que tu manges, comment tu t’habilles, etc etc, donc d’anticiper un peu ton évolution.
Donc, grâce au Big-Data, avec l’aide de quelques astucieux recoupements et de stats bien pensées, on doit tout à fait être en mesure de créer une application qui te montre comment ton physique de jeune premier va évoluer. Et là, miracle, en toute connaissance de cause tu peux choisir comment te conduire. Appelons cette appli, si tu le veux bien «Rip My Face»

Passons aux cas pratiques :

  • Tu vas à une fête annoncée sur Facebook ==> Rip My Face prévois tout ce que tu vas boire, tous les gens que tu vas rencontrer, tous ceux auxquels tu vas mentir pour obtenir leurs faveurs et affiche ton visage de menteur alcoolisé. T’es pas beau.
  • Tu vas tout seul voir une expo et tu balances tous ces merveilleux selfies sur lesquels tu apparais, extatique, à côté d’œuvres incontournables et si formidables qu’elles te mettent la larme à l’œil ==> Rip My Face te montre tout seul et triste, vu que tu n’as pas d’amis pour t’accompagner. On lit la loose dans ton œil torve.
  • Tu cherches un job ==> Rip My Face sait d’avance à quel point tu vas devoir faire le faux-cul lors des entretiens (oui, il connaît ton CV et sait le mettre en parallèle avec les annonces…) et affiche ta sale tête de lombric servile.

Tu as compris maintenant : Rip My Face connais l’écart entre ce que tu racontes sur internet et ta vraie vie. Il est donc en mesure de modifier tes photos à l’aune de ta réalité. Et toi, tu peux réfléchir à ton avenir en toute connaissance de cause.
En gros, Rip My Face est un mouchard immonde qui fait fi de toute forme de politesse, de mensonge conventionnel, de respect de l’autre, tous ces trucs qui permettent de vivre (à peu près) correctement en société. Et il va t’aider.

Si tu penses une seule seconde que je suis en plein délire paranoïaque (ce qui pourrait en effet me ressembler), jette un œil sur les liens ci-dessous et pleure un bon coup…
http://www.focusur.fr/a-la-une/2014/12/17/il-est-desormais-possible-de-prevoir-lavenir-grace-au-big-data-et-kira-radinsky
http://www.vice.com/fr/read/recorded-future-logiciel-prevoir-avenir

De là à modifier un chouilla le concept pour l’adapter à des prédictions sur notre avenir physique, franchement, il n’y a qu’un pas.

mirror

Le petit prince a pas dit

Lecteur-Chéri-Ma-Boule-De-Cristal, cette semaine je te propose un jeu. Ca faisait longtemps. Comme le WE dernier célébrait les 400 ans du décès du barde de Stratford  (connu aussi sous le nom de Shakespeare, ou Big Will pour les amis), je vais tirer au hasard 5 phrases (ou vers) du livre de poche que j’ai présentement sous les yeux et qui contient « Le marchand de Venise », « Comme il vous plaira » et « Beaucoup de bruit pour rien ».
Classiquement, je me donne 20 mn pour créer une histoire à partir de ces 5 extraits.
Tu n’es pas obligé de me croire, mais sache que j’ai du mal à mentir à mon dentiste. Alors à la terre entière… (Parce que oui, j’aime à croire que la terre entière est en capacité à me lire, ça s’appelle « la magie du oueb »). Donc les 5 extraits sont parfaitement random et les 20 mn un réel objectif.

Extrait 1 « Ce sang ne vient-il pas, comme un pudique témoin, déposer de son innocence ? »
Extrait 2 – « Quand je vous l’ai donnée, vous m’avez juré que vous la porteriez jusqu’à l’heure de votre mort et qu’elle ne vous quitterait pas même dans la tombe »
Extrait 3 – (Qu’est-ce qu’on se marre…) « J’ai rencontré un fou dans la forêt, un fou en livrée bariolée… »
Extrait 4 – « En vérité, belle dame, vous avez le cœur joyeux »
Extrait 5 – « Il est dans mon fourreau, dois-je l’en tirer ? »

Moment de concentration, roulement de tambours, coassement de grenouilles gavées d’étoiles et surfant sur l’air bleu de la galaxie fantôme qui jouxte notre univers en perdition.
Top chrono ! Il est 15h20. Je sens ton cœur qui bat à l’unisson du mien (OK,  c’est totalement virtuel, mais je trouve l’idée inspirante et la communion via la toile me sied en ce jour ensoleillé).

Ce matin, en courant dans les bois, j’ai rencontré un petit prince. Rond et doux, les cheveux en désordre comme un poussin au sortir de l’œuf, il était tout entier absorbé par la contemplation d’un bassin dans lequel s’ébattaient deux carpes aux reflets argent et turquoise. Au coin de la bouche de l’un des deux poissons, blessé par un hameçon, perlait une goutte vermillon. L’enfant semblait tétanisé par cette goutte rouge. Ce sang ne vient-il pas, comme un pudique témoin, déposer de son innocence ?
Ses grands yeux sombres laissaient entrevoir le puit sans fond du questionnement enfantin. Une matière noire et pure, abyssale, dont la dureté était compensée par le reflet doré des iris. L’enfant avait choisi de se taire. Son mutisme n’était pas une prison mais un rempart contre la vie dont il préférait ignorer les vicissitudes. (il est 15h27)
L’une des carpes, la plus grosse, celle qui n’était pas blessée, sortit la tête de l’eau et me demanda l’heure. Je lui répondis que je n’avais pas de montre, ce qui la fâcha au plus haut point. Elle répondit, sur un ton de mépris dont j’étais loin d’imaginer qu’il put émaner d’un poisson :
– Quand je vous l’ai donnée, vous m’avez juré que vous la porteriez jusqu’à l’heure de votre mort et qu’elle ne vous quitterait pas même dans la tombe .
J’ai dû lui expliquer que, pour courir au bois, une montre en or incrustée de pierres précieuses ne me paraissait pas idéale. L’animal acquiesça et, d’un mouvement de queue élégant retourna à ses aqueuses occupations, non sans avoir lancé un « tu vois Roger, je te l’avais dit, on ne peut pas faire confiance aux humains ».
Roger me regarda et jaugea ma tenue. L’enfant s’était approché et avait, de son petit doigt potelé, essuyé le sang de sa lèvre. Il prit la parole.
– J’ai rencontré un fou dans la forêt, un fou en livrée bariolée, il m’a dit que je pouvais faire confiance à ceux de sa caste, qui arpentent les bois le dimanche matin, courant derrière un avenir qui ne leur appartient plus. D’ailleurs (Roger s’était mis de côté pour mieux capter mon regard) je ne comprends pas cette manie que vous avez de vous agiter pour rien… regardez cet enfant : il est calme, se contente de ce qui l’entoure et ça a l’air de le rendre heureux…
En effet, il émanait du petit prince une aura de quiétude tranquille, totalement hors du temps. Il s’était un peu éloigné et cueillait des fleurs, choisissant avec soin les plus jolies, prenant mille précautions pour ne pas écraser les autres sous ses petites chaussures aux lacets brillants.
(Il est 15h37, je suis à la bourre)
Regarder cet enfant me comblait d’aise. Roger dû s’en rendre compte, car il m’adressa un clin d’œil (oui, je vous garantis que les carpes peuvent cligner de l’œil) et dit, d’un ton allègre:
– En vérité, belle dame, vous avez le cœur joyeux ! Oubliez la montre et restez avec nous, nous allions justement passer à l apéro !
Prendre l’apéritif avec deux carpes dissertes et un enfant mutique me semblait une bonne façon d’attaquer le mois de Mai. Je m’assis donc au bord du bassin, fis un geste vers le petit pour qu’il s’approche et fouillais mes poches, à la recherche d’une barre de céréales à partager. Je sorti la friandise et en proposais aux convives. Roger, salivant d’avance, tourna sa tête corail vers son compagnon (il est 15h42, zut) comme pour demander l’autorisation de goûter au fruit défendu. La grosse carpe (dont j’appris par la suite qu’elle répondant au nom de Stanislas) eu du mal à cacher son mépris et me fit remarquer que l’emballage risquait de ne pas être très digeste. J’avais décidé de rester calme, à l’image de l’enfant délicat qui me tendait ses fleurs.
– Il est dans mon fourreau, dois-je l’en tirer ? (oui, c’est un peu capillotracté, désolée)
Roger secoua la tête et Stanislas eut un mouvement que j’interprétais comme une invitation au partage. J’ouvris le sachet et découpais en parts égales son contenu. Les poissons se jetèrent sur leurs morceaux et pendant quelques secondes, le bassin fut agité remous comme si un combat s’y déroulait. Je me tournais vers l’enfant pour lui offrir sa part. Il avait disparu. Seules quelques fleurs roses et blanches témoignaient de son passage.
Le petit prince n’a pas dit…
(Il est 15h46…)

Lecteur-Chéri-Mon-Couscous, tu n’es toujours pas obligé de me croire, mais je poste de ce pas et sans corriger. Je te laisse un ciel dramatique, Shakespearien en diable, et des pensées de printemps. J’te bises

#dramasky, #theofffice, #geckobleu007