Archives Mensuelles: septembre 2011

La nouvelle appli i-phone : « mon fils est-il gay » ?

 J’avais commencé à cultiver une forme de répulsion pour l’i-phone et ses applications plus inutiles que chronophages (), mais cette dernière innovation mérite que l’on s’y attarde un peu.

Ceux d’entre vous qui utilisent leur téléphone pour téléphoner sont maintenant plutôt rares ; aujourd’hui, un téléphone fait office d’appareil photo, d’accès internet, de baladeur, de point de connexion avec son « réseau social » (le terme désigne la liste des gens qui s’ennuient et aiment à vous le faire savoir en temps réel ou de ceux –moins nombreux- qui pensent être en possession d’informations hautement importantes et ne tolérant aucun délai pour être partagé – des choses folles comme les photos du chien, le portrait de mimine en maillot de bain ou des considérations philosophiques sur l’amour et la tolérance – au moins dans ce dernier cas évite-t-on les sempiternelles diapos de coucher de soleil et de papillon – ), et plus rarement pour passer un appel.
Grâce à son i-phone, il est possible désormais de vivre en parfaite symbiose avec le reste du monde et de laisser de son importante personne des traces partout. Si encore il y avait une corrélation entre l’importance des évènements mentionnés et le nombre de ces traces…

 Donc ces jours ci une nouvelle application voit le jour : celle qui va vous permettre de déceler d’éventuels penchants homosexuels chez votre enfant.  (L’article est là. )
Votre enfant masculin.
Car cette application ne s’applique manifestement pas aux filles. Doit-on en tirer la hâtive conclusion que l’homosexualité féminine est moins importante à prendre en considération pour les parents ?
Pour tous ceux qui se posent la question et n’ont pas la possibilité d’établir un dialogue constructif avec leur garçon, l’i-phone dans son omniscience apporte sans faillir la réponse. Très impressionnant.
A vrai dire, la réponse est binaire (soit oui/non ):

Si votre enfant, au terme d’analyses poussées, est déclaré non gay, vous verrez s’afficher le message suivant : « Vous n’avez pas de soucis à vous faire, votre fils n’est pas gay. Il y adonc de grandes chances pour que vous soyez grand-mère avec toutes les joies que cela procure. »
Ce qui suppose :
           – Que vous êtes une femme ; les hommes n’ont pas ce genre de préoccupations
           – Que votre objectif ultime dans la vie est d’être grand-mère ; soit de vous faire appeler « mamie » et de passer vos mercredi à véhiculer des enfants d’une activité à l’autre.

A l’inverse, si la puissante machine découvre que votre fils est gay, vous verrez arriver le commentaire suivant : – « Inutile de vous voiler la face ! […] Il est gay ! […] Acceptez-le ! Il est attiré par les garçons comme vous par les hommes. »
Ce qui suppose :
          – Que vous le saviez déjà , vu que vous vous voilez la face; donc à quoi bon faire appel à Apple ?
          – Que vous êtes obtuse, incapable de tolérance et de compréhension, limite que vous considériez l’homosexualité comme une maladie…
          – Que vous êtes attirée par les hommes, ce qui conforte mon idée que cette application est destinée aux femmes ; sinon l’acceptation n’a pas lieu d’être, vu que (n’étant pas femme et étant attiré par les hommes) vous êtes vous-même homosexuel.

Ce puissant détecteur de genre s’appuie sur des questions très poussés :

1. Aime-t-il bien s’habiller, fait-il très attention à ses tenues et aux marques ?
Un homme élégant ou coquet est donc fortement soupçonnable d’homosexualité. Messieurs, si vous voulez éviter la confusion, retournez dans vos placards et extrayez le jogging, le t-shirt avec une marque de bière et la chemise de bûcheron…

2. Aime-t-il le football ?
En effet, c’est pertinent. Des sports comme le rugby, la formule 1 ou le judo sont limite tendancieux. Et que dire de la gymnastique, de la natation ou du patin à glace ? Chaque mère digne de ce nom doit rêver que son fils ressemble à un joueur de l’équipe de France. C’est sûr…

3. Avant sa naissance, souhaitiez-vous que cet enfant soit une fille ?
Oui, il faut arrêter de penser quand on est enceinte ; ça risque d’influencer le fœtus.  

4. S’est-il déjà battu ou a-t-il participé à une bagarre ?
Les enfants sages ou discrets, ceux qui préfèrent lire ou construire des maquettes sont anormaux : un vrai homme doit se battre. Pas rétrograde du tout comme idée.

5. Lit-il des journaux sportifs ?
Le sport semble être une forte constituante de la masculinité d’un individu. Par extension, doit-on commenc

6. A-t-il une meilleure amie ?
Il ne faut surtout qu’un petit garçon entre en communication avec une petite fille ; ça pourrait lui donner de mauvaises idées, comme de faire attention à sa tenue, de se comporter de manière polie ou de dire des choses gentilles. Tous traits de caractères dangereux pour la virilité…

7. Aime-t-il les sports d’équipe ?
Hum ; parle-t-on des gladiateurs aux corps huilés ou des rugbymen aux nez cassés ?

 8. Est-il pudique ?
Evidemment : un enfant qui exhibe ses attributs sans aucune pudeur est forcement « un homme » ; parvenu à l’âge adulte, il a des fortes chances de passer pour un pervers, mais i-phone saura sans doute trouver des solutions pour parer simplement à cet effet de bord. D’ii là DSK sera président, de toute façon…

9. Est-il fan des chanteuses divas (Dalida, Mylène Farmer…) ?
Ecouter Dalida est un indice d’homosexualité ; damned. Et avoir un CD de Queen est-il répréhensible, s’expose-t-on à une amende ? On pourrait cataloguer les gens qui achètent des disques de Georges Michael ou d’Elton John ; ils sont sûrement subversifs et dangereux.

10. Reste-t-il longtemps dans sa salle de bain ?
Soyez sans craintes:  i-phone travaille actuellement à une application qui déterminera la durée raisonnable d’occupation de la salle de bain en fonction de l’âge, de la taille et du genre des individus. Ceux qui seront en dessus des temps seront gay, les autres seront sales. Il faut choisir son camp…

11. A-t-il un piercing à la langue, à l’arcade, au nez ou à l’oreille ?
Curieusement on ne mentionne pas d’autres parties du corps plus ciblées…

12. Met-il du temps à se coiffer avant de se montrer ?
Tous les ados à frange sont soupçonnables.

13. Vous posez-vous des questions sur l’orientation sexuelle de votre fils ?
Si la réponse est non, il va falloir justifier l’acquisition de cette application…

14. Etes-vous divorcée ?
Le divorce comme cause avérée de l’homosexualité. On revient enfin à des valeurs sûres… et si on interdisait aux femmes de voter ? de travailler ? d’avoir un téléphone ?

15. Aime-t-il les comédies musicales ?
Un enfant mélomane est dangereux ; derrière chaque fan de Roméo et Juliette se cache un détraqué en puissance. Et les millions de spectateurs de Glee doivent être sévèrement punis.

16. Vous a-t-il présenté une petite copine ?
La différence entre « meilleure amie » et « petite copine » réside dans l’utilisation que l’on fait de l’une et de l’autre. Avec la première on parle ; avec la seconde… on expérimente… il semble donc qu’il soit plus normal de jouer au docteur que de réviser ses leçons. L’homme de demain est une brute en jogging qui ne parle que de foot et utilise les femmes à des fins libidineuses. Belle image…

17. Le père est-il très autoritaire avec son fils ?
Définir autoritaire dans le langage Apple : si « autoritaire » signifie obliger à faires ses devoir et interdire la télé, le père est simplement intelligent…

18. Dans ses relations familiales, dénote-t-on une certaine absence du père ?
Entre le divorce, l’autorité et l’absence, le rôle du père devient compliqué à cerner. Pas assez présent ? trop ? sévère ? pas assez ?

19. Dans son enfance, était-il plutôt timide et discret ?
Et portait-il des lunettes ? avait-il le goût de la lecture et des fleurs ? les petits garçons doivent se battre vous dit le téléphone…

20. A-t-il de la complicité avec son père ?
Le revoilà… un bon père doit sans doute jouer au foot…

J’ai grande hâte de découvrire la prochaine appli i-phone, celle qui décrète que vous êtes un bon élément du paysage français…

A la bonne heure – Les affranchis: on y revient

Evidemment il faut que chacune des émissions prenne ses marques, que les animateurs trouvent leur style et que le public manifeste un tantinet plus son enthousiasme. Mais tout de même… il manque des deux côtés ce qui faisait le sel du fou du roi. Les envolées, les  lâchages, les chroniques acides…
Pour ceux qui nous rejoignent, Ici, la déception… le test RTL et le test France Inter.
Maintenant la tranche 11h-12h30 est aseptisée… politiquement correcte et policée… On dirait que seul Didier Porte se permet de tracer sa voie. Et où est donc passé le père Albert ? Du coup, ça devient beaucoup plus drôle de naviguer sur les commentaires des auditeurs…
Au début, 3 grands courants se dessinaient :
– Les déçus de France Inter qui ne supportent ni la pub, ni la musique ni le manque de causticité.
– Les énervés de RTL qui se sente frustrés d’avoir perdu JP Foucault.
– Les (rares) auditeurs prêts à laisser leur chance aux émissions.

Après 4 semaines d’ »à la bonne heure » et 3 semaines des « affranchis », les courants ont un peu changés :
– Certains auditeurs de FI (dont j’admets faire partie) écoutent l’émission de S Bern en différé : pas de pubs, pas de musiques. Mais l’attention s’étiole, on est moins retenu.
– Certains auditeurs de RTL prônent le changement et l’acceptation…
– La guerre des tranchées continue entre RTL et FI : même s’ils admettent ne plus écouter, les auditeurs continuent de se critiquer par blog…

Définitivement, le plupart des auditeurs de RTL veulent du pain et des jeux… Avoir jeté dans l’arène S.Bern et ses animateurs a déchainé  leur hargne radiophonique. Tournent en rond dans le vortex de leur folie les pauvres quelques auditeurs d’obédiences diverses qui tentent courageusement de s’accommoder du changement… Les uns et les autres sont en pleine catharsis radiophonique…

Donc pour se marrer vraiment, maintenant il faut aller voir du côté des commentaires… Lu sur le blog de l’émission de Stéphane Bern:
– « les auditeurs veulent du CULTUREL [ Jean-Pierre Foucault ] » ; bien sûr « A la bonne heure » est très critiquée pour son côté trop culturel. Alors, question : où se situe la culture ? dans les apéricubes ou dans les livres ?
– « Bonjour le blog. Je suis sur Nostalgie. Un blogueur aime Lorant Deutsch, il est sur France Inter. Allez-y et restez-y. » au moins c’est clair. Cassez vous de là. Cet auditeur dessine une tendance très nouvelle : les gens qui n’écoutent pas l’émission (globalement pour les mêmes raisons  savoir trop de blabla, trop d’invités inconnus, trop intello…) mais continuent d’alimenter le blog de leur critiques acerbes.
– « C’est incroyable la prétention et la suffisance des auditeurs de France Inter sur ce blog ! 99% des gens trouve ca nul… mais eux nous agresse en nous disant qu’on est pas assez intelligents pour comprendre ! »; oui, les auditeurs de France Inter sont une race à part d’invidus violents qui lancent des télérama enflammés sur les passants et haranguent le foule en récitant du Racine… Méfiez-vous d’eux, peuple à la culture télévisuelle… 
– « c’est vraiment nul, des ricanements, des niaiseries, complètement
inintéressant. la vie est tellement morose en ces temps, laissez nous FOUCAULT…. »
– Etc, etc…

La parisienne: pour nous, les filles

Participer à une grande course donne toujours l’impression d’être au cœur d’un évènement important : une couverture médiatique nationale, des dizaines de milliers de participants, une saine émulation… sans parler de la préparation physique, des interrogations diverses sur ses capacités et motivations et surtout… de la pasta-party qui précède, la veille au soir (étape importante de la préparation) ; et puis après : la satisfaction personnelle, le défi relevé et … la médaille…

 Ce matin, c’était la parisienne ; bon, s’il vous plait les habitués des semis et autres marathons on ne rit pas : ce sont 6km mais pour certaines, c’est un réel défi. Respect.
Une course dédiée aux femmes, donc. Motivée par mes récentes expériences journalistiques, j’ai décidé de tester cette nouvelle curiosité et de faire part à mon chaleureux public des résultats de cette expérience.

8h du mat’, j’ai des frissons
je claque des dents et enfile mon caleçon,
seule dans la rue dans mon jogging froissé,
C’est pas l’insomnie mais le sommeil est cassé…
Je perd la tête et mes baskets sont toutes gelées au bout d’mes pieds,
C’est plein de coureurs et de bouteilles d’eau,
J’suis pas seule, pas seule, pas seule..

10h du mat’, pont d’Iéna : Toutes ces femmes parquées entre les grilles montées sur le pont… c’est assez étrange. D’autant que le public est essentiellement masculin… l’ensemble dégage un petit côté zoo…
Dans les courses mixtes, il y a une proportion de femmes de l’ordre de 20 à 30% suivant les épreuves. Là, on peut distinguer une ou deux silhouettes d’hommes perdus au milieu des femmes. Ils se cachent un peu d’ailleurs… capuches, tête baissée… auraient-ils peur ?
Le départ se fait par vague, toutes les 15mn.

 10h15 : Il commence à pleuvoir. Un léger mouvement de foule nous permet d’accéder au pont ; nous sommes parquées…
L’inconvénient des départs par vagues réside principalement dans l’attente qui peut se prolonger … jusqu’à 1h… Sur les autres courses, on part en flot et ça ne pose aucun problèmes… les femmes seraient-elles indisciplinées ?

10h20 : soubresaut dans la foule, nous avançons sur fond de French-Cancan. C’est rigolo. Les organisateurs ambitionnent peut être de voir 20.000 filles lever la jambe…

10h22 : nous franchissons une barrière… d’hommes… si je vous jure : il y a des hommes en travers du pont, tous les 80 cm, positionnés de côté, qui font office de filtre ! Pas un commentaire, personne ne bronche…

Question 1 : les femmes ont-elles besoin de frôler un élément masculin pour se donner du courage ?
Question 2 : qu’est ce qui pousse un homme à accepter un tel rôle ?
Question 3 : si sur les autres courses, donc à fréquentation majoritairement masculine, on faisait des filtres de femmes (de préférence en tenue légère), comment réagiraient les participants ?
Question 4 : après les 7 vagues, ces hommes seront restés 1h30 à faire le filtre, soit 1h30 à se faire frôler par des centaines de femme, pris dans une masse compacte de filles en short… ont-ils payé pour ce job ?

 10h25 : musique et …échauffements… si-si ; sur un podium installé dans le prolongement de la voie à suivre, deux personnes miment l’échauffement que les femmes sur le départ doivent faire. Comte tenu de l’espace plus que réduit dont dispose chacune d’entre nous, cet échauffement (proche des mouvements d’aérobic) est strictement impossible à suivre. A moins de détester ses voisines et de désespérément souhaiter les éborgner. Mais ils ont l’air de bien s’amuser sur le podium et ils sont sans doute payés pour faire ça. Soyons magnanime.
Mais là encore, interrogation : sur les courses mixtes, ça ne se passe pas comme ça, les gens s’échauffent seuls en attendant le départ… Les femmes ne sauraient donc pas se prendre en charge ?l’échauffement, une histoire d’hommes ?

 10h30 : A la question « Vous êtes prêtes ? », des hurlements de joie répondent dans un chœur chargé d’émotion à arracher des larmes à notre ministre des sports… mais l’animateur est un fieffé coquin et nous ne partirons qu’avec la vague de 10h45. Soit 30mn sous la pluie…

10h38 : Re-barrière d’hommes. Filtre d’hommes. Régulateurs ? il faudra décidemment que l’on m’explique leur rôle exact… c’était peut être un club de pervers en t-shirt rouge qui s’est immiscé subrepticement dans la foule de femmes pour se faire du bien…

 10h40 : Re-French-Cancan, re-échauffements. Toujours la pluie.

 10h45 : ça frémit… ça piétine… et…. Ça part !! (enfin)

 La course se déroule assez classiquement: on est là pour courir, on court.
Cependant, la course est ouverte aux marcheuses. Ca aussi c’est particulier. Du coup on se trouve régulièrement coincées derrière des groupes de promeneuses qui discutent tranquillement et n’ont aucunement conscience de déranger celles qui courent. Ca casse un peu le rythme…

Quelques éléments notables à relever sur ce parcours :
Tout d’abord, des hommes se sont joints courageusement à la course ; statistiquement, la moitié d’entre eux étaient déguisés en femmes. Peur ? besoin d’incognito ? défi personnel ? Abnégation et coaching de leur partenaire ? ils avaient en l’air de s’amuser… et un peu l’air de ne pas être totalement à leur place. Un peu comme une femme en bikini sur un terrain de rugby en plein match de finale…
J’ai vu wonder-woman ; pas spider-man, hélas…
Comme d’habitude, quelques groupes se sont déguisés ; le plus rigolo était composé de femmes en tenue noire, longs gants résille élégamment surmontés d’un ruban rouge et coiffées de plumes rouges et noires, avec le maquillage assorti. Façon « Crazy-Horse »  en footing. La classe. Surtout pour celles qui se sont trouvées, avec les aléas de la course, isolées dans une foule non déguisée… Essayez 15 secondes de vous balader avec une coiffe à plumes au supermarché, vous aurez un sentiment approchant.
Quelques panneaux d’encouragement jalonnent le parcours. La palme pour « Plus vite maman, on a faim ». Jusqu’où va se loger le cliché machiste…

A l’arrivée, nous avons droit à la remise de médailles  et à l’extraction de la puce (pour avoir le temps officiel, ce que n’ont pas les plébéiennes qui courent en sauvages) . Il y a ausi une distribution de fleurs… pour une fois, un inconnu m’offre des fleurs… – mais j’ai déjà parlé de ça ici -pour beaucoup,  joie d’avoir tenu le coup. C’était plutôt plaisant et bon enfant. Et ça change des soirées-filles… je suis venue, j’ai vu, j’ai couru.

http://www.youtube.com/watch?v=jOqF3PA4Pxo&feature=related pour les nostalgiques…

Les affranchis: expérience (presque) live

Afin de conclure cette enquête passionnante qui tient en haleine un auditoire chaque jour plus important et par souci d’équité, je me suis rendue ce matin à la maison de la radio pour assister à l’émission « les affranchis », sur France Inter. Rien ne m’arrête.

Pour ceux ont râté ce grand moment d’investigation, ils trouveront ici un compte rendu circonstancié de l’émission sur RTL: A la bonne heure 

J’arrive avec une heure d’avance pour être sûre de n’avoir pas à piétiner deux ou trois vieux pour pouvoir entrer. Comme à RTL, on parque le public en attendant l’heure de début ; c’est un peu long, mais on a tout le loisir d’observer les personnalités qui se rendent à la radio. Si à RTL il m’a été donné de croiser Lenny Kravitz, à la maison de la radio j’ai pu observer un moine tibétain. La différence majeure entre les deux réside dans leur uniforme respectif : Kravitz en noir, le moine en orange. Et ils ont au moins un point commun : ils se désintéressent tous les deux de mes chansons à texte et de mon souci de réhabilitation de Patrick Juvet…

Le public des affranchis se presse avec le sourire : même s’ils sont peu nombreux, les gens ont l’air content de se trouver là. Ce sont pour la plupart d’anciens fans du « fou du roi ». Bien obligée d’admettre qu’il y a une dame qui porte un sac de toile écrue en bandoulière et qui lit…télérama… sans doute l’archétype de l’auditeur tant décrié par nos amis bloggeurs sur RTL…
On nous fait entrer pour nous mener dans un grand studio équipé d’une scène, du piano (les joies de la musique live) et d‘un espace pour les animateurs. Ici dès leur arrivée ces derniers s’adressent au public avec le sourire et semblent non seulement prendre en compte notre présence, mais en plus l’apprécier. Chacun arrive avec ses feuillets qu’il manipulera et modifiera tout au long de l’émission.

…comment dire….

L’ambiance qui se dégage est d‘emblée chaleureuse et détendue, bien que très concentrée. L’invité trône au centre et tout est disposé de façon à ce que le public puisse suivre confortablement. Personne pour la claque. (Ah… j’avais oublié de préciser qu’à RTL on nous enjoint à applaudir). L’émission commence et là…miracle… l’absence de pubs permet une fluidité et un suivi du ton très appréciable ; l’invité est réellement le fil rouge de l’émission et l’ensemble des sujets est partagé par tous les animateurs… Les coupures musicales en live sont de qualité et tous semblent concernés par ce qui se trame autour des micros…

A la pause imposée par le journal de 12h, quelques personnes du public descendent sur le plateau pour une séance de dédicaces ; certains semblent être des habitués.

Il y a pendant ces 90mn quelque chose que l’émission concurrente n’a pas (ou pas encore) : un vrai esprit de groupe. Pas facile à définir, mais néanmoins très présent. On ne s’ennuie pas une minute, on s’amuse, on se prend à vouloir intervenir. On entend même de petites phrases sympathiques destinées à Stéphane Bern, qui n’est pas oublié ici.

J’y allais dubitative, j’en suis revenue conquise… très sincères félicitations à Isabelle Giordano qui a l’air de reprendre le flambeau avec élégance.

Voilà, pour une fois je n’ai pas envie de dire du mal, même si c’est moins drôle…

A la bonne heure: expérience (presque) live

J’ai déjà expliqué ici mon point de vue sur le remaniement radiophonique qui secoue le monde du oueb et conduit à la scission des forces comiques et critiques de nos chaînes : la migration de Stéphane Bern de France Inter vers RTL…
Comme je prends très au sérieux mon rôle d’investigation dans cette affaire, j’ai tenu à me rendre sur place pour juger de mes propres oreilles. Et yeux. Mais à la radio, les oreilles sont plus importantes.
Donc: J’y suis allée. A la radio.
Je suis venue, j’ai vu. De là à dire que j’ai vaincu… n’est pas César qui veut. « Ave Cesar, morituri te salutant », comme dirait l’autre….mais je m’égare…

Le point fun, c’est que dès mon arrivée à RTL, Lenny Kravitz a surgi. Compte tenu de mes expériences récentes en termes d’écriture de chansons (), je pensais qu’ayant eu vent de la présence à la radio d’un parolier de talent, il allait se précipiter sur moi avec un sourire et un contrat ; j’ai été déçue, mais suis restée forte… quand il est passé, à 1 mètre de moi sans le moindre frémissement du sourcil…

RTL, donc. Tout d’abord, il faut savoir que pour assister à l’émission il est nécessaire de réserver. Vu le peu d’enthousiasme affiché par les auditeurs de la chaîne, cette précaution semblait superflue, d’autant que la foule bigarrée de ce matin comptait… 12 personnes (dont j’étais l’élément notoirement bigarré…). Mais il y a une explication à cela : le studio est petit et sa capacité d’accueil est de 14 spectateurs. Après un rapide sondage, il semble que sont venues quelques personnes qui avaient l’intention de se rendre compte, de leurs propres oreilles, de la mue d’une de leurs émissions favorites issue d’une chaîne concurrente. Plus de 80% de remplissage donc. Et gros avantage pour les spectateurs : l’impression d’être au cœur de l’évènement.
Installés sur des chaises le long de la vitre, nous assistons, sagement, à l’arrivée des animateurs. Assez paradoxalement, ils semblent très très loin de nous, sans doute en pleine concentration… en tout cas : pas un geste, pas un regard, pas un mot vers le public (pas chéri-mon-amour pour ce coup-ci).

C’est amusant de regarder travailler des gens ; c’est légèrement irritant de les voir faire, en guise de travail, ce que l’on s’efforce de faire gratuitement ; et c’est très amusant de saisir les discussions off. Et mettre un visage, une carrure ou une allure sur une voix… c’est toujours un exercice intéressant… Et non, les gens de radio ne se maquillent pas et ne s’habillent pas comme les gens de télé.

Bon, on ne va pas ici retracer l’émission ; disons que, exactement comme lors de son écoute, les incessantes coupures pub sont totalement insupportables.
En 1h30 de présence, nous avons eu droit à au moins 9 coupures, dont approximativement 4 pour une marque de grande distribution et 2 pour une marque de fast-food. L’émission s’est trouvée toute saucissonnée et je me demande (très sincèrement) comment les animateurs font pour rester concentrés. Comment suivre le fil de ce qui se dit alors que l’on est interrompu sans cesse? et comment mener un débat rythmé par des éloges au hard-discount et au big-mac?  
D’ailleurs, une question est à se poser : si on interrompt un employé de bureau toutes les 9 mn avec une pub débile pour les côtes de porc, son travail s’en ressentira-t-il? Imaginons quelques secondes les administrations saccadées et matraquées par des messages idiots… en termes de rentabilité, on va atteindre des sommets…
Les gens de radio ont-ils une capacité hors-norme à résister au matraquage publicitaire ? Sont-ils pub-proof ? Peut être deviennent-ils opportunément sourds 1mn toutes les 10 mn ?

Au cours d’une émission en direct, il y a quelques détails rigolos : les corrections de dernière minute apportées aux chroniques, les feuillets qui volent, les feuillets disparus, les commentaires sur les pubs, le fait que en off, comme tous le monde, les gens de radio se parlent de tout à fait autre chose que de leur boulot…
Certains restent le temps de leur chronique, d’autres assistent à toute l’émission, l’ambiance est plutôt détendue… mais… je ne sais pas… il manque comme un je-ne-sais-quoi d’irrévérencieux, de subversif, pour que ce soit complet.

 Par ailleurs, et à mon grand dam, Stéphane ne m’a pas reconnue… ou alors il a été très pro et a fait en sorte que notre camaraderie reste secrète et ne vienne pas gêner le bon déroulé de son émission. Ce doit être ça…