Archives Mensuelles: mai 2011

Piloter un deux-roues rend violent

C’est le constat majeur après 6 années et 60.000 km de route parisienne.

Comme si le fait d’enfiler son casque et de démarrer opérait une transformation incontrôlable. Façon mogwaï après minuit.
On est tranquille, blonde et délicate perchée sur ses sandales à hauts talons. On a même du vernis sur les ongles de pied. C’est dire…

Et puis la transformation opère lentement : Tout d’abord, on change ses fines chaussures pour de grossières baskets ; ensuite on attache sa crinière dorée dans un élastique à moitié déglingué ; enfin  on enfile une surveste lacérée et portant les stigmates d’une vie en deux-roues dont la rudesse n’a d’égal que le débardeur de Rambo après 3 semaines de jungle… On range son sac à main (dernier rempart contre le définitif changement) on n’a plus accès à son rouge à lèvres ni à son miroir de poche : la mutation est terminée…

On s’installe sur son cheval de feu, on démarre. Le bruit du moteur couvre les chants cristallins des oiseaux et des anges. Les gaz d’échappement enveloppent et couvrent les parfums les plus subtils. En quelques secondes, la route reprend ses droits.
La jungle urbaine redevient palpable. Tracer sa route, ne pas se laisser impressionner, s’affirmer, aller plus vite, plus fluide, contrôler les déplacements spasmodiques des autres engins, repérer le vieux bigleux, la jeune écervelée, le flic énervé qui guette le moindre écart, flairer les radars… En un mot : se concentrer et entrer en symbiose avec le ruban d’asphalte. Ne faire qu’un avec la route. Ceci incluant la circulation, donc les autres ; tous les autres. On n’est pas sur la route 66 non plus…

Assez rapidement, la transmutation opère :

–          à la première queue de poisson, les grossièretés les pires franchissent sans encombre la barrière de la bouche. Incroyable comme des mots que l’on croyait oubliés, voir inconnus de nos services, se bousculent soudainement à la sortie du casque. Varié et fleuri, ce vocabulaire présente en tout cas l’avantage d’être accompagné, lorsqu’il est prononcé avec assez de véhémence, d’un net sentiment de soulagement et de libération.

–          Au premier mégot balancé par la fenêtre d’un 4X4 aussi stupide qu’inutile en ville, les gestes insultants fusent. Efficaces parce que souvent non attendus de la part d’un conducteur féminin. Mais pas très glorieux…

–          Au premier coup de klaxon d’un motard qui a l’impression qu’il est plus important que tous les autres et donc doit absolument aller plus vite, comment dire… on a simplement envie de tout arrêter, de descendre de son engin, d’arracher le casque du malpoli et de consciencieusement lui écraser la tête avec . Quelques coups astucieusement portés pour décalotter le crâne, puis un broyage régulier de ce qu’il reste de cerveau, enfin garnir les orbites avec un fond de matière grise. Persiller légèrement. 50mn au four thermostat 180. Servir chaud.

Plus la route est longue (en termes de temps, surtout à Paris ou 2 km peuvent demander 30 mn), plus les occasions d’être désagréable, grossier voir vulgaire fleurissent, plus la personnalité du pilote bascule vers le côté « Hyde »… Je me demande ce qu’il en serait si on prenant le métro casqué(e) …

Conseils de beauté de la fée – soir –

Les soirées rallongent et tant mieux : nous allons avoir plus de temps pour nous occuper de nous.
Oui, je sais, c’est débile. Le temps n’étant par définition pas extensible (tout ce que l’on constate c’est qu’il passe plus vite dans les bons moments – comme quand une chanson de Dalida passe à la radio – et diaboliquement lentement dans les moments détestables –comme en réunion de bilan de fin d’année, ou lors d’une interview de Marc Levy, mais là on peut zapper -), les soirées ne sont ni moins ni plus longues. C’est une allégorie en quelque sorte. Comme si la présence de lumière rendait les moments d’action plus faciles.
Mais là n’est pas la question (l’âne est pas la question non plus, hein), je m‘égare…

Donc entrons dans le vif du sujet comme le doigt dans le gâteau à la crème. A savoir « les conseils de beauté du soir ». Oui, je sais, j’ai mis le temps. Mais c’est un sujet qui demande maturation. Et on ne peut pas être partout à la fois. Ni maîtriser le temps, quoi que je m’emploie depuis ma (Ô combien lointaine) plus tendre enfance (ça aussi c’est une allégorie).

Voilà la liste non exhaustive de tout ce qu’il faut faire en fin de journée pour être resplendissante et fraîche et au top intellectuellement.
Si ça marchait, ça se saurait et j’aurais depuis longtemps appliqué à ma propre personne, mais c’est tout de même intéressant de relever les inepties des magazines. Surtout en ces périodes pré-estivales de régime. Mais ce dernier point fera l’objet d’un post à venir.

Conseil n°1 : Evacuer le stress et les tensions de la journée
D’un autre côté, si vous avez suivi tous les conseils du matin et tous ceux de la journée, vous n’avez pas vraiment eu l’occasion d’avoir de moments pour stresser…
Mais imaginons que vous revenez d’une journée standard et commençons par l’oublier…

Tout d’abord, ôtez tous les vêtements qui vous ont accompagnés cette journée ; vous pouvez jeter par la fenêtre les chaussures qui vous ont rendues sexy assise et torturée debout. Vous pouvez aussi bazarder le collant dentelle (effet garanti) qui s’incruste dans les plantes de pieds et scie la taille. Piétiner la jupe qui vous a entravée et en profiter pour exécuter une petite danse de joie. Ca fait toujours du bien de se débarrasser des petits désagréments du quotidien.
Là, conseil gratuit au passage, poussez un hurlement rauque et sonore, histoire de totalement expulser votre tension. Bien évidemment ce conseil suppute une parfaite maîtrise des relations de voisinage.
Ensuite, vous pouvez revêtir votre tenue d’intérieur en coton bio et éthique. C’est-à-dire d’une couleur indéfinissable et d’une coupe « sac » abominable. Mais c’est bio.
Brossez-vous les cheveux 100 fois de chaque côté, la tête en bas. Si vous n’êtes pas évanouie après cela, vous pouvez passer à la suite.
Coupez toutes les sources d’énergie parasites comme téléphone portable, télé, ordinateur, etc. En gros, tout ce qui vous relie au monde doit être éteint.
Allumez 12 bougies de cire naturelle (celles qui coulent partout) et faits brûler un bâtonnet d’encens  Maya (celui qui pique la trachée artère).
Procédez à quelques exercices de respiration assise en tailleur sur une natte d’herbes tressées à la main par des indiens des hautes steppes de la Mongolie orientale (reconnaissable à l’odeur de vieux foin qu’elle dégage même après 25 jours passés sur le balcon), puis enchaînez par quelques postures de yoga qui ré-équilibrent vos énergies ; si vous n’êtes pas habituée à la natte, vous aurez des bleus partout aux articulations ; c’est normal, vous apprenez à vous endurcir physiquement. Profitez-en pour une relaxation de 10mn sur le dos. Sans coussin sous la tête.

Voilà, vous êtes détendue.  Ne prenez pas les sms, messages, infos facebook qui vous sont arrivées dans l’intervalle. Ce serait une source d’énervement visuel.

Conseil n°2 : Alimenter son corps
Continuez toute la soirée à boire des tisanes de courge, de betterave et de queue de pamplemousse des Indes, sans sucre.
Comme il faut dîner léger et de préférence tôt, ne perdez pas de temps : croquez vos galettes de riz soufflé sèches, mélangez vos germes de soja avec l’huile foie de morue et pour finir dans la liesse, absorbez une cuillérée de crème de riz avec 3 gouttes de miel. Quelle fête.

Conseil n°3 : Alimenter son esprit
Pendant cette phase et pour ne pas perdre de temps, vous pouvez laisser poser un masque à base de jaune d’œuf et de miel sur votre visage démaquillé. N’hésitez pas à enduire votre chevelure de moelle végétale. Conseil personnel : si vous faites ça, tressez vos cheveux très serré, à cause de l’odeur forte et de la désagréable sensation de gras qui en émanent…
Prenez un recueil de poèmes médiévaux, de haïkus  ou un traité philosophique sur la survie des hamsters sauvages en terre Adélie par -15° et installez-vous sur votre canapé en surélevant un peu vos pieds à l’aide d’un coussin rempli de graines de blé sauvage du Zimbabwe.
Vous pouvez mettre en fond musical des chants de cachalots ou de tortues deux fois centenaires. Le mieux est d’alterner, pour conserver intacte l’émotion ressentie.

Conseil n°4 :  Un bain émollient et amaigrissant
Ca existe, j’ai découvert le concept récemment. Le principe est simple : très chaud, mais avec de l’eau couvrant uniquement les cuisses. Très chaud pour le côté émollient. Couvrant juste les cuisses pour le côté amincissant. Il paraît que le cœur travaille à réchauffer la partie émergée du corps et brûle donc plus de calories. Mais bon, avec les 2 galettes sus-mentionnées, il n’y a pas grand-chose à brûler ; enfin… qui suis-je pour argumenter…
Autre option amincissante : la douche froide sur tout le corps (même principe de réaction de l’organisme qui crame des calories pour maintenir une température honnête), en insistant (découverte récente de mes centres d’observation) sur l’arrière des genoux.
Les cuisses rouges et les genoux bleus, le corps gelé mais en sueur, vous pouvez vous enduire de crème relaxante à base de graines du Brésil. Restez bien 15 mn avant de vous habiller, sinon vos vêtements seront irrémédiablement collés sur vous pour la nuit… et comme le coton bio a la fâcheuse manie de déteindre, vous serez rouge, bleue ou violette au réveil. C’est joli mais un peu compliqué à éliminer…

Ah… comptez 35 mn et 250 cotons pour que votre visage redevienne normal et pas collant.

Conseil n°5 : Se préparer une bonne, réparatrice et salvatrice nuit de sommeil
3 crèmes sont indispensables :
–   Celle de nuit à tartiner sur son visage ; effet gras-brillant assuré. Il vaut mieux avoir des taies d’oreiller imprimées… les auréoles suintantes se verront moins.
–   Celle pour les pieds, plus efficace si on porte de petites chaussettes de coton.
–    Celle pour les mains ; même remarque, avec des gants.
Ceux qui prétendent que dormir en chaussettes donne des cauchemars sont des menteurs.

Réglez votre réveil « lumière du jour naturelle » avec chant des oiseaux dès l’aube. Vous êtes prête.

Remarque personnelle: Tous les magazines s’accordent sur le fait qu’une nuit torride passée dans les bras de votre amoureux, amant, amante, voisin, … reste la meilleure des recette-beauté. Mais avec les cheveux gras, le visage luisant, les gants, les chaussettes et les 3 litres de tisanes qui vont vous faire vous lever toutes les 20 mn, il va falloir négocier…