Ma vie industrielle / matin

C’est toujours mieux que « ma vie de zone » … comme toujours, question de point de vue, de vocabulaire, d’éthique, de substances ingérées.

Ay Ay Ay Puerto Rico susurre à mon oreille gelée Vaya con Dios. Puerto Rico, vertige d’exotismes et de contrées ensoleillées… comme un rêve suspendu entre les lobes usés de mon cerveau reptilien (on y revient toujours). AaAAaahhh… la plage, la chaleur, l’insouciance, les jeux d’eau, les cocktails au rhum… les hommes musclés se dandinant sur des rythmes latins, le torse oint d’huiles parfumées… mais je m’égare…

Dans la vraie vie, mes pas me mènent en des contrées nettement moins sexy, voire carrément hostiles ; j’ai nommé : les zones industrielles.
La zone industrielle, ce cauchemar du travail itinérant… Le but ici n’est pas de dresser un florilège des zones les pires ou de dégouter ceux qui aiment y baguenauder (à l’image de la belle des champs de Gotainer « tu baguenaudeu dans les paturageux, dit donne-nous zen un peu Belle des chaaaaamps »), mais plus modestement de retracer la journée ordinaire de celui qui n’a pas d’autre moyen de subsistance que de s’y rendre.

La journée démarre donc fatalement avant 6h du matin ; l’objectif étant d’être en place pour une « bonne journée de travail » ; soit attraper le train ou l’avion qui arrive vers 8h… donc réveil optimiste à 5h. Autant l’avouer : c’est le milieu de la nuit ; le déchirement de celui qui se couche tard, la punition du lecteur, le châtiment du noctambule.
Lequel noctambule, tout stressé à l’idée de rater son train ou son avion, ne ferme pas l’œil malgré les 3 réveils artistiquement disposés à travers l’appartement, sonneries en décalage et intensités sonores couvrant la gamme de sons insupportables la plus large possible.
5h, donc, premier avertissement. Le cerveau est suffisamment bien fait pour entretenir un bref instant l’impression d’un leurre, d’une mauvaise blague concoctée par un télétubbie maléfique. Mais la raison l’emporte et il faut rapidement se rendre à l’évidence : il est temps de se lever.
A telle heure, pas question d’agapes ni de plénitude alimentaire, une simple douche suffira. On passe ici sur l’impossibilité absolue de supporter parfum, rouge à lèvres ou odeur autres que celle des produits de toilette basiques.

5h30 : taxi. Impossible d’entamer le dialogue ni même de sourire aux blagues de rire et chanson.

6h : aéroport ou gare.
Si c’est l’aéroport : on passe forcement par la case « enlever chaussures, ceinture, gants », vider son sac, ôter ordinateur portable de la housse.
Se retrouver ainsi dévêtu, toutes affaires déballées, au milieu d’une foule pressée de rejoindre le vol met fatalement de mauvaise humeur. Brève envie d’insulter les agents de service (ne pas y succomber) immédiatement suivie (si on a un peu d’humour en rab’) par une fulgurance : pourquoi ne pas profiter de la situation pour mettre un peu de musique et entamer un streeptease langoureux entre le détecteur de métaux et le tapis roulant … ?  succès garanti…

Publié le 27 novembre 2010, dans Ma vie industrielle. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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