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« Page blanche » ou « le syndrôme de l’escargot volant »

Depuis quelques semaines, installée sur le nuage confortable et doux de mon insouciance, j’observais… Mais… qu’observais-tu ? Me direz-vous… Ben rien. L’appréciable, avec ce type de nuage, c’est qu’on s’occupe avec du rien. Il faut néanmoins admettre que j’étais en bonne compagnie: mes amis Ivresse et Oubli étaient venus s’installer à mes côtés, les reflets pailletés de leurs tutus rouge et bleu, mâtinés de la douce lumière du soleil couchant donnaient à mon visage un teint frais et reposé (le truc qui n’arrive jamais en dehors de ce contexte précis). Nous étions légers et joyeux, occupés à rien mais riant de tout, ivres de nos propos insensés, surfant le coton au dessus des terriens masqués.

Et puis la semaine dernière, il a plu. Pas le petit crachin bienvenu, plutôt une tempête accompagnée de flots torrentiels d’une eau saumâtre, drainant les miasmes dont les semaines de beau temps avaient saturé l’air. Un liquide dégueulasse, mixture grumeleuse faite de peur, stress, maladie, angoisse et interdits. Notre nuage a répandu sa vision de l’humanité sur la terre craquelée tout juste bonne à cracher du soja et des vidéos de chats mignons. (j’aime bien écrire des trucs comme ça, je me sens lyrique).

Dans la chute, j’ai perdu de vue mes anges, mais j’imagine qu’ils leur a suffit de battre de leurs ailes fatiguées pour échapper à la débâcle. A moins que la situation du globe ne leur ai donné l’idée d’une promo estivale. Ils sont prêts à tout pour échapper à l’obsolescence programmée…. J’ai aussi croisé un escargot. Un gros gris à l’œil lubrique qui venant de se faire éjecter de son abri temporaire. Avant de s’écraser dans une touffe d’herbe sèche, il m’a raconté avoir passé l’hiver à escalader jusqu’au 7è étage d’un immeuble, à grand renfort de bave et de contractions musculaires ondulatoires et se trouvait plutôt déconfit de son retour accéléré au point de départ.

Rude fut l’atterrissage.

« serrez bien pendant 5 minutes »

J’ai la bouche pleine d’une pâte verte et la silhouette d’un dentiste se profile à l’horizon.

Il faudra un jour m’expliquer pourquoi cette substance verte sans goût, sans odeur et sans douleur, a provoqué un tel état de panique que j’ai failli mordre le toubib à la main. Je suis en proie à une crise de claustrophobie des amygdales. En plus, un micro truc s’est détaché de je-ne-sais-quoi et me chatouille le fond de la gorge, me contraignant, dans un réflexe atavique issu de mon cerveau reptilien, à émettre des bruits de raclement, des borborygmes barbares et des crachotis dénués de toute délicatesse. Honte sur ma tête.

Mon cœur se met à battre si fort et si vite que je crains qu’il ne transperce mes côtes, me contraignant à une mort sanglante sur fauteuil dentaire. Après avoir traversé sans encombre une crise sanitaire mondiale, ce serait ballot. Pour éviter ce surplus de ménage au toubib et accessoirement m’éviter d’avoir à recommencer les 5 minutes de serrage de mâchoires, j’essaie des techniques de relaxation trouvées sur les réseau sociaux. Je pense « plage » puis « cours d’eau ». Je pense « cocktail au rhum » puis « crêpe au chocolat ». Je finis par penser que mon dentiste ferait bien de retourner chez le coiffeur, puis que j’ai encore le temps d’aller m’acheter des BD avant la fermeture de la librairie. Tout ça finit par faire 5 mn. Une larme de gratitude effleure mon globe oculaire gauche, merci les réseaux sociaux.

Cet épisode peu reluisant me conduit à regretter le nuage. Au dessus de ma tête, un couvercle gris sombre qui ne laisse rien augurer de bon pour le futur proche.

– Dis-donc, Stanislas, tu ne trouve pas que ça fait longtemps qu’on est à l’arrêt? J’aimerais bien retrouver la surface, moi…

– t’as raison Roger… Moi aussi je voudrais bien briller dans les rayons de l’astre de lumière…

– pourquoi tu parles comme ça, d’un coup ?

– Tu sais bien que je n’y suis pour rien…

Les gros poissons corail et bleu foncé me gratouillent l’hémisphère gauche. Oui, mes koï, moi aussi, je vous rendrais bien à la lumière, mais pour ça il faudrait vous activer un peu et être la source d’idées rigolotes.

– Ben la source, c’est pas toi? Nous on est que le vecteur de tes idées, c’est déjà assez lourd à porter

T’as raison, poisson… Mais chais pas trop, c’est pas facile en ce moment, et les masques ça va fatalement vous faire flipper… je voudrais vous éviter ça…

– T’inquiète, on en a vu d’autres… Allez quoi, dépoussière-nous un peu…
– D’accord, mais et les anges?
– On les accepte dans le bassin…
– Je vais leur demander d’abord, ils sont un peu susceptibles, ils aiment bien avoir le haut de l’affiche…

Un éclair violet traverse le ciel et un escargot géant pourvu d’ailes majestueuses, sur le dos duquel siègent fièrement Ivresse et Oubli, se pose avec délicatesse sur le bord de mosaïque turquoise du bassin (j’ai cette exacte vision un dimanche à 14h53. C’est comme ça.)

– Ah… ravie de voir que les concepts se sont trouvés et s’entendent… ça fait douter quand même, les gars, si vous vivez vos vie sans mon intervention, à quoi je sers, moi?
– Sans toi, de concepts on ne devient pas mots… tu nous structures.

C’est Ivresse qui a parlé. Pour une fois il a l’air sérieux.

– Ok vous avez gagné, je vous laisse. Mais je vous préviens: à mon retour, vous êtes au taquet, hein. Ca m’angoisse trop de ne pas savoir quoi vous faire faire….
– T’inquiètes, on gère.

Je vais avoir toutes mes dents.

Un peu de crème?

Hélas en ce mois d’Août, la météo exubérante incite au surf… en me promenant sur les divers sites qui promettent jeunesse, beauté, éclat, forme et tout ce qui fait un retour de vacances positif, histoire de prolonger un peu l’impression de détente conférée par 2 semaines de plages (sous le soleil), j’ai trouvé un article qui m’a laissée coite.

NB : Il est nécessaire de savoir ici que les escargots étaient mes meilleurs amis d’enfance; je les élevais, leur parlais et leur organisais des courses. Je n’ai jamais pu avaler le moindre gastéropode (on ne dévore pas ses amis); je leur ai même créé des décors personnalisés au vernis à ongles…

 « CREME —– BAVE D’ESCARGOT ACNE RIDES VERGETURE ALOE VERA »
A traduire: Crème à base de bave d’escargot, utile contre l’acné, les rides, les vergetures; contient de l’Aloe Vera.
Bien-bien-bien…
Déjà, un produit qui combine de quoi traiter à la fois acné, rides et vergetures, c’est balèze. A l’heure ou on nous fait dépenser des sommes folles pour chacun de ces problèmes… ou la base du soin est composée  de plusieurs pots différents par traitement… ça intrigue.

Mais ce qui m’esbaudi, c’est la bave… Soyons pratique:
1 – comment élève-t-on les escargots?
Je vois d’ici les rangées de gastéropodes alignés sur de mini-étagères, éclairés chichement par un néon aux nuances dignes de transformer en Dracula la blonde la plus bronzée de Paris…

2 – comment récolte-t-on la bave des escargots?
Hum, à moins d’utiliser une raclette et de prélever régulièrement les petits corps gluants, je ne vois pas trop… les passer dans une centrifugeuse qui sépare l’escargot de sa bave? Et qui peut prétendre à ce genre de job ; « tu fais quoi, toi dans la vie ? » « oh, je suis récolteuse de bave, spécialisée dans les escargots »… ça jette…

3 – comment conditionne-t-on la susmentionnée bave? 
Quelle recette immonde peut transformer la bave en crème… compte tenu de mes récentes découvertes en matière de mozzarella, je n’ose imaginer…

 Et le parfum? « Bave d’escargot » pour un onguent du soir, ça me paraît moyen… « salade pourrie » peut-être?

Je ne sais pas si parmi vous certain(e)s sont désespéré(e)s au point de s’oindre de bave, mais personnellement je ne me sens pas prête…En même temps, quand on voit des pubs aussi engageantes que « c’est l’été, sortez chez …. Mc Do » ou « Ouvrez un coca-cola, ouvrez du bonheur », on est en mesure de penser que les mœurs de nos concitoyens ont évoluées de façon incontrôlable et incompréhensible… les dérives de la modernité…. bientôt se frotter avec son i-phone sera considéré comme l’acmé de la sensualité…