Le selfie tue…
Lecteur-Chéri-Ma-Choucroute, sache que tu véhicules le danger. Le danger est dans ta poche, dans ton sac, sur ta table de nuit… partout autour de toi! Enfin, surtout si, tel Narcisse, la chasse à ton image est ton sport favori. Mais le mythe l’a démontré : jamais, au grand jamais, tu ne pourras te pécho.
Et pire : ça va te conduire tout droit à la grande faucheuse, dans une ultime chute au fond de ton absurde connerie.
Prend peur, citadin porteur de perche, amateur d’autoportraits à gros pif, éphèbe au sourire plein de persil, car le selfie tue !
Certains pays prennent des mesures. En Inde, des sites sont interdits au selfie, en Russie, sur chaque selfie figure Depardieu en string à l’arrière-plan (ils sont forts ces Russes). Statistiquement, on peut dire cette année que le selfie tue plus que les requins:
http://mashable.com/2015/09/21/selfie-deaths/#cjzmTUQcGkq3
Après Jaws, jaws 2, jaws 3 , jaws 4 et même un jaws 5 italien qui a l’air de la meilleure facture, je propose donc « Screen », un film d’horreur horrifique et terrifiant, dans lequel on verrait de pauvres citoyens se faire happer par un téléphone portable géant, ivre de vengeance et d’électronique, qui les broierait afin d’alimenter ses circuits assoiffés de neurones (et donc, là je n’explique pas pourquoi il a besoin de tout tout tout plein d’amateurs de selfies…)
Dans un univers kafkaien où se côtoieraient de vieux fonctionnaires poussiéreux armés de fax, de folles jeunes filles en tutu enroulées dans de la fibre optique et de hideux ours polaires albinos parlant esperanto mais chantant en morse, notre héros évoluerait, passant de circuit imprimé géant en labyrinthes de plumes d’oies frisées, à la recherche du dictateur du mal, le grand Dark-Von-I-Faune. Lequel serait de bakélite noire et couvert de plumes de paon. De gros télex à mille-pattes déferleraient sur la ville, écrasant tout sur leur passage.
On pourrait voir des humains se tordre sous les morsures des téléphones, puis devenir fous, le cerveau vrillé par des beeps incessants qui seraient comme autant de pics à glace enfoncés dans leur boîte crânienne. D’autres pourraient se soumettre à la dictature et se convertir au phonisme, greffant des coques noires ou blanches au bout de leurs mains aux doigts rendus crochus et insensibles à force de taper sur les touches.
Il y aurait une guerre pour le contrôle des batteries, élément rare mais indispensable à la vie du grand Dark-Von-I-Faune. Les forêts seraient détruites et brûlées pour alimenter ces batteries. Les humains, réduits à être de vils esclaves, se battraient pour leurs téléphones, préférant piétiner des enfants affamés que risquer manquer une mise à jour.
Rapidement, l’eau et le pain manqueraient et seuls les êtres hybrides, mi-homme, mi-coque, le visage de forme carrée et les yeux tactiles, pourraient vivre.
Notre héros, à l’orée d’une mort atroce par ingestion forcée de claviers obsolète, serait sauvé par l’amour d’une jeune femme au corps couvert de touches dièse.
A deux, ils priveraient le grand Dark-Von-I-Faune d’électricité, le condamnant à une mort lente et exécutant devant ses yeux glauques des polkas endiablées au son du dernier titre de Kenji Jirac. Sous les cris rauques du tyran déchu, ils s’accoupleraient sauvagement, dans un final de feux d’artifice (Hitchcock a déjà fait le coup du train et je ne trouve pas mieux…)
Au générique, on dirait que Monsanto a été sacrifié pour récupérer des fonds pour produire le film. Et on demanderait à Di Caprio de défiler en peau de bête, son (futur à ce jour) Oscar à la main.
Et on prendrait soin de mettre en préambule que toute ressemblance avec des évènements ayant existé serait pure coïncidence…
En attendant ce chef d’oeuvre, Lecteur-Chéri-Mon-Amour-A-Moi, tu peux écouter ce jeune troubadour qui a le chic pour bien me faire marrer: https://www.youtube.com/watch?v=zqo28tcrHvM
Publié le 21 février 2016, dans Extrapolations, et tagué Frédéric Fromet, requin, selfie. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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