Archives du 17 mars 2010
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La furieuse proximité du printemps met nos annonceurs publicitaire dans des états d’excitation assez remarquables… quelle engeance étrange peut imaginer couvrir les murs, bus, couloirs de métro de panneaux gigantesques représentant des portraits de gens beaux, extatiques et légendés « Aujourd’hui, je l’ai fait » associé à « et c’était bien », « vite fait, bien fait », « et j’y pense encore »… allusions surtout pas déguisées à un acte qui plongerait dans les dimensions lumineuses et chantantes les gens (beaux) qui le pratiquent.
Super.
Quand on pense à l’opprobre jetée sur l’afficheur Avenir en 1981 avec sa campagne « demain j’enlève le haut »… on est loin du fun de l’époque. Tiens, d’ailleurs, 1981, ça me rappelle un autre évènement. A croire que les tendances électorales et publicitaires suivent un cycle commun…
Donc, jouissance et extases plébiscitées par … une banque… (en ligne, certes, mais néanmoins une banque) ; passage éclair dans la quatrième dimension, à moi les frères et sœurs Bogdanov. Depuis combien de temps aller à la banque plonge dans des états de délectation aussi intenses ? Surtout par les temps qui courent. Dans mon palmarès personnel, cette campagne venait au top de la ringardise racoleuse et de la vulgarité.
Venait.
Il ne faut jamais sous-estimer les capacités à la débilité de nos publicitaires. Ce matin, au détour d’un virage prestement négocié, surgit un panneau clamant joyeusement : « Notre point G, il est dans la penderie ». La photo met en scène une jeune femme lambda en tenue printanière. Stupeur. Ampleur et abime de la grande mesquinerie marketing.
Précision qui s’impose : cette merveille de poésie a été créée pour … Rhaaa, suspens intenable… Les 3 suisses…
Il est vrai que s’habiller sur catalogue provoque des transes assez intéressantes. Point d’orgue à la livraison, quand le facteur (enfin, ceci concerne uniquement les citadins chanceux, les autres iront chercher eux-mêmes l’objet de l’extase au tabac du coin…) dépose le colis tant attendu dans les mains de la cliente. Là, il faut apprécier le ravissement rapidement, parce qu’à l’essai, on retombe assez vite. Rien ne ressemble aux photos du catalogue. Mais c’est un autre débat.
Concernant cette dernière campagne, c’est peu dire que l’image de la femme qu’elle véhicule y est particulièrement soignée. La femme, dans l’esprit du publicitaire, se résume à une entité dotée d’une carte bleue, pour qui le summum du plaisir est atteint à l’acquisition d’oripeaux bas de gamme qu’elle va s’empresser de suspendre dans son placard.
On progresse.
Sans compter la syntaxe du slogan, à la grammaticalité douteuse.
Nivelage par le bas.
Début du XXIème siècle dans une France qui commence à reprendre esprits et couleurs roses, le plaisir est donc avant tout lié aux finances, à l’apparence et à la dépense.
Paradoxe intéressant, ce type d’affiches passe haut la main une censure par ailleurs inflexible quand il s’agit de secteurs artistiques. A quand le retour du respect de la libre expression ? …Une nouvelle mission impossible, vous allez nous manquer, Jim Phelps…