Hier, demain c’était aujourd’hui
C’est vrai en plus.
C’est juste pour souligner l’incongruité des échanges par mail ou sms, parfois. Il est grand temps de prendre en considération le fait que « oui », certains peuvent ne pas lire leurs mails pendant 24h (voir 48h pour les abstinents coriaces) ; essayez, vous verrez. C’est un peu comme une sensation de flottement dans l’hyper-espace. Perdre le fil de tous les trucs passionnants qui arrivent à vos amis, ne pas se sentir obligé(e) de répondre dans l’immédiateté, s’accorder le temps de la réflexion (oui, ça au début ça fait bizarre, surtout pour celles dont le cerveau est chapeauté par une masse blonde…), s’oublier un peu pour se faire oublier.
Donc le mail envoyé « hier » et qui disait « rendez-vous demain », maintenant que nous sommes « demain», ben « demain » devient « aujourd’hui ». Soit, rendez-vous aujourd’hui. C’est moins facile à organiser. D’où l’intérêt parfois du téléphone. De l’appel téléphonique veux-je dire. Histoire d’éviter des bonds désordonnés dans le l’espace-temps (ça faisait longtemps, mais j’aime bien les brèches spaciaux-temporelles et la toute relativité du « ici-maintenant », surtout à l’heure du oueb).
Heureusement que nos organismes gavés de sucres et de graisses gardent un peu le contrôle sur la technologie.
Heureusement que l’inconscient ou sur-moi (Le Surmoi est un agent critique, la plupart du temps inconscient, filtrant les pulsions au travers de normes intériorisées – source wikipedia-) trouve encore la force de s’exprimer par moments.
Par exemple, dans les cas de harassement professionnel:
Fatigué par son boulot, tout individu normalement constitué va prendre sur lui et continuer mine de rien à œuvrer dans l’ombre pour les grands qui mènent le monde (c’est pareil pour les petits qui mènent le monde ; on m’a appris qu « il n’y a pas de petit client ») . Notre quidam va si possible s’organiser des moments plus tranquilles et en profiter au passage pour totalement stresser son assistante, ses collègues ou sa secrétaire, voir une équipe entière, mais globalement il va survivre.
Quand l’inconscient entre en jeu, ça peut donner des digressions intéressantes…
Signaux subliminaux de ras-le-bol du bureau, envoyés discrètement par le cerveau reptilien:
– oubli de brancher son réveil matin un jour qui est supposé commencer par une réunion super-importante : on arrive en retard, hagard et on bredouille pendant 10 mn des excuses bidonnées. La réunion n’a ni queue ni tête, on sort de là énervé, on insulte tout le monde, on tape sur les représentants de la direction, on renverse le café sur le clavier des informaticiens, on déchire l’ordre du jour en dansant la java et en chantant Michel Sardou (y a pas de raison que ce soit toujours les mêmes qui trinquent)
– badge d’accès aux locaux (sésame sans lequel l’individu n’est rien dans un immeuble de bureau; d’ailleurs il ne peut même pas sortir du parking…) glissé subrepticement dans un endroit totalement improbable (comme un casque de moto), puis mis sous clé. Tout cela sans aucune conscience de ses actes : on erre dans le parking isolé, le portable ne passant pas, espérant que quelqu’un arrive et nous sorte de là. Quand arrive l’être salvateur, on se jette dessus, du coup on lui fait peur, il nous assomme avec son ordinateur portable qui lui a servi à éviter la corvée de vaisselle la veille au soir, il nous laisse dans un coin et part en hurlant à l’agression. On fini la journée en garde à vue.
– téléphone portable « rangé » dans la trousse de maquillage, elle-même fermée, au fond du gigantesque sac à main plein. De toute façon, le téléphone est resté en mode « veille »… on n’a aucune conscience de tous les appels fondamentaux passés par tous les gens hyper-importants qui veulent partager avec nous des moments de gloire professionnelle ; on est radié de la liste de ceux qui sont chouchous de la direction ; on n’est même plus invité à la cantine ; on est exclu ; on est pas beaux ; personne ne nous aime.
– choix du mauvais virage : prise du périph’ dans le mauvais sens, en pleine heure de point et dans les travaux. On arrive tellement en retard qu’autant rentrer chez soi. On appelle pour prétexter une maladie grave et très contagieuse. On reçoit 2000 mails de travail urgent et 1 mail pour prendre de nos nouvelles. On est triste.
– etc etc etc
En conclusion, on dirait que malgré toutes les barrières technologiques qu’il s’impose, l’homme (au sens « être humain », ça concerne aussi la femme) garde une part d’animalité (ça c’est surtout valable pour « l’homme masculin ») qui le retient de trop s’apparenter aux machines qu’il affectionne et lui préserve un peu de sens commun. Il est utile de ne pas trop brider l’animal en nous, donc; sauf si c’est un poison rouge, sans vouloir offenser mon tiburon.
Publié le 2 février 2011, dans Capillotractions, et tagué bureau, inconscient, spacio-temporel. Bookmarquez ce permalien. 1 Commentaire.
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