Bon voisinage…
J’ai déjà eu ici l’occasion de m’exprimer au sujet des mœurs très spéciales de mes voisins de résidence.
Du genre à déposer dans les boîtes aux lettres des mots anonymes à la force assez peu commune. Et de se tromper de boîte. Des gens classieux, quoi…
Hier, j’ai eu une fois de plus la preuve que le voisin d’immeuble est une race à part, avec ses mœurs, ses coutumes et sa vision de la vie. Selon une habitude qui m’est chère, je pars approximativement à l’heure à laquelle je devrais être à mi-chemin de mon rendez-vous. Un peu comme si j’avais un pouvoir sur le temps, mais uniquement chez moi. Chez moi, les minutes passent moins vite et j’en profite pour faire mille choses indispensables (comme me limer les ongles, cirer des chaussures ou arroser les plantes) plutôt que de partir à l’heure. C’est une espèce de pouvoir divin que j’ai : celui de disposer du grand sablier, celui qui régit le temps chez moi. Mais je travaille à en disposer aussi à l’extérieur.
Comme tout ces gens qui considèrent ne pas être en retard tant que l’heure H n’est pas atteinte, indépendamment du lieu où ils se trouvent à l’heure H moins quelques minutes, je reste parfaitement détendue jusqu’au moment ou je me décide à enfiler mes chaussures. C’est le start. Tant que les chaussures sont vides de mes pieds, le temps est sous mon contrôle. Une fois les chaussures enfilées… grosse cavalcade vers le parking souterrain…Pour sortir du parking, il est nécessaire de posséder le sésame ultime, l’accessoire indispensable à tous les heureux utilisateurs de parkings un tant soit peu modernes : j’ai nommé le « beep ». « Beep » au sens clé électronique, pas « beep » au sens « je masque un gros mot ».
D’humeur joueuse, mon challenge quotidien est de dégainer le beep (sans savoir à l’avance dans quelle poche ou dans quel sac il fait sa vie) d’une main et suffisamment tôt pour que la porte du parking s’ouvre sans que j’ai à mettre les pieds au sol. En conséquence de quoi, je garde en général un œil sur la porte (je fais ça depuis que j’ai testé le choc frontal avec une porte de garage pas totalement ouverte: c’est la porte qui gagne) et un œil sur les loupiotes rouges du beep, supposées clignoter pour signaler leur activité.
Du genre à déposer dans les boîtes aux lettres des mots anonymes à la force assez peu commune. Et de se tromper de boîte. Des gens classieux, quoi…
Hier, j’ai eu une fois de plus la preuve que le voisin d’immeuble est une race à part, avec ses mœurs, ses coutumes et sa vision de la vie. Selon une habitude qui m’est chère, je pars approximativement à l’heure à laquelle je devrais être à mi-chemin de mon rendez-vous. Un peu comme si j’avais un pouvoir sur le temps, mais uniquement chez moi. Chez moi, les minutes passent moins vite et j’en profite pour faire mille choses indispensables (comme me limer les ongles, cirer des chaussures ou arroser les plantes) plutôt que de partir à l’heure. C’est une espèce de pouvoir divin que j’ai : celui de disposer du grand sablier, celui qui régit le temps chez moi. Mais je travaille à en disposer aussi à l’extérieur.
Comme tout ces gens qui considèrent ne pas être en retard tant que l’heure H n’est pas atteinte, indépendamment du lieu où ils se trouvent à l’heure H moins quelques minutes, je reste parfaitement détendue jusqu’au moment ou je me décide à enfiler mes chaussures. C’est le start. Tant que les chaussures sont vides de mes pieds, le temps est sous mon contrôle. Une fois les chaussures enfilées… grosse cavalcade vers le parking souterrain…Pour sortir du parking, il est nécessaire de posséder le sésame ultime, l’accessoire indispensable à tous les heureux utilisateurs de parkings un tant soit peu modernes : j’ai nommé le « beep ». « Beep » au sens clé électronique, pas « beep » au sens « je masque un gros mot ».
D’humeur joueuse, mon challenge quotidien est de dégainer le beep (sans savoir à l’avance dans quelle poche ou dans quel sac il fait sa vie) d’une main et suffisamment tôt pour que la porte du parking s’ouvre sans que j’ai à mettre les pieds au sol. En conséquence de quoi, je garde en général un œil sur la porte (je fais ça depuis que j’ai testé le choc frontal avec une porte de garage pas totalement ouverte: c’est la porte qui gagne) et un œil sur les loupiotes rouges du beep, supposées clignoter pour signaler leur activité.
Hier, tout était réuni pour que ma sortie de garage soit altière et gracieuse, mon écharpe orange devait flotter élégamment à mon cou, soulignant par là mon casque orange (parfaitement assorti) à la visière crânement remontée sur mes lunettes de soleil Ralph Lauren (rien ne peut laisser imaginer que ce sont des lunettes de vue). Donc sortie soignée, tout sous contrôle.
Sauf que, dans ma résidence, les gens sont des névrosés du beep. Ils constituent une secte secrète, créée pour faire perdurer la gloire du film « le code a changé ». Des malades mentaux du changement de code, de clefs d’accès, de digicode qui ne reconnaît personne, de l’interphone qui a son langage personnel. Des gens qui aiment se mettre des obstacles pour rentrer et/ou sortir de chez eux. Des maniaques du parcours du combattant. Il doit y avoir dans cette résidence des peoples incognito, un ancien président, une star du foot ou Patrick Juvet. Quelqu’un qui a besoin d’être impossible à atteindre.
En bref, mon fidèle destrier s’est vu freiné dans sa course pour un laquais malpoli qui lui a refusé l’ouverture des portes : le beep.
Malgracieux.
Je peste devant la porte irrémédiablement close. Quand ce type d’incident se produit aux heures de pointe, ça permet de rencontrer ses voisins les plus gracieux, ceux qui sont occupés, ont une vie active normale, pas de temps à perdre et sont naturellement portés par un élan de solidarité de bon voisinage. A l’inverse, quand ce type d’incident se produit à midi, en semaine, qui croise-t-on ? Les voisins aigris qui n’ont rien à faire de la journée, qui passent 3 h au local poubelle à vérifier que le tri est fait par tous, qui arpentent les couloirs à la recherche de la trace de boue diffamatoire, qui surveillent la moindre goutte d’eau tombée du balcon du haut sur leur précieuse terrasse et traquent le linge imprudemment laissé à sécher dehors.
Mais ça, bien évidemment, naïf et innocent comme le têtard qui vient de sortir de son œuf, on ne s’en souvient jamais.
Alors, à ma question « bonjour, le code à changé, pouvez-vous m’ouvrir s’il vous plait ? », quand je m’entends répondre « non » articulé très clairement et très sèchement, je crois à une joyeuse plaisanterie, à une voisine espiègle qui veut faire rire ses petits enfants, voir à une erreur d’interprétation. Comme si j’avais demandé « le code à changé, voulez-vous faire un peu de lap-dance burlesque pour fêter ça ? ». « Vous plaisantez ? » réussis-je à articuler d’une voix ou perce sans doute tellement de stupéfaction que la dame recule légèrement. Elle a cru, avec toute la dangerosité représentée par un individu casqué cherchant à sortir de son propre parking avec un beep, que j’allais lui foncer dessus et la réduire au misérable petit tas de charpie qu’elle mérite d’être. Mais la peur fut fugace. « Non ». Sitôt suivi du surréaliste «vous avez eu l’info dans votre boîte à lettre ». Répété deux fois au vu de mes protestations. On confine au sublime.
Pas de temps à perdre à essayer d’expliquer que tout un chacun ne gère pas sa boîte à lettre comme si cette dernière recelait des trésors fantastiques.
L’espace d’un instant, j’ai eu très envie de descendre lui montrer mon casque de près et lui expliquer ma théorie des chocs frontaux, mais ce n’eut pas été très charitable.
J’étais en train d’imaginer les pires châtiments à lui infliger, à coups de boîtes à lettres couverte de super glue, de beep hurleur, de porte de parking coincée sur son véhicule, de balcon arrosé d’eau bleue ou de courrier fantômes proposant des soirées torrides avec le président du syndic en string, sur fond musical de Didier Barbelivien, quand la porte s’est providentiellement ouverte.
Pas de temps à perdre à essayer d’expliquer que tout un chacun ne gère pas sa boîte à lettre comme si cette dernière recelait des trésors fantastiques.
L’espace d’un instant, j’ai eu très envie de descendre lui montrer mon casque de près et lui expliquer ma théorie des chocs frontaux, mais ce n’eut pas été très charitable.
J’étais en train d’imaginer les pires châtiments à lui infliger, à coups de boîtes à lettres couverte de super glue, de beep hurleur, de porte de parking coincée sur son véhicule, de balcon arrosé d’eau bleue ou de courrier fantômes proposant des soirées torrides avec le président du syndic en string, sur fond musical de Didier Barbelivien, quand la porte s’est providentiellement ouverte.
Une vieille dame faisait des essais. Merci madame. Dans un auguste panache de fumée bleutée, je suis partie en entendant prononcer au loin « mais je vous aurais ouvert » (quoi, j’ai donc l’air si menaçant ?).
Sans doute bientôt vont être votées des cellules photoélectriques qui permettront de contrôler l’ouverture régulière des boîtes aux lettres. Moi, je proposerai que l’on organise des votes pour choisir les nouveaux venus dans la résidence. Et je serai la seule à posséder le droit de vote.
Publié le 24 avril 2010, dans Extrapolations. Bookmarquez ce permalien. Commentaires fermés sur Bon voisinage….